Assemblé plenière : le traitement du synode sur la synodalité lors de la conférence de presse
Lors de la conférence de presse de clôture, Mgr Pierre-Antoine Bozo a rendu compte du synode sur la synodalité en deux temps. Tout d’abord en expliquant la démarche. Et ensuite, en s’appuyant sur des ouvertures du cardinal Aveline. La transcription ci-dessous concerne uniquement cette seconde partie de l’intervention, à partir de 21:50.
Les thèmes développés sont les suivants
- L’importance de soigner les processus de décision, dans lesquels chacun doit pouvoir donner son avis. On est surpris qu’il ne parle pas de processus plus clairs, lisibles et transparents. Il ne parle pas non plus de prises de décision plus collégiales (uniquement de donner son avis). Il ne mentionne pas de nécessité de rendre compte des décisions prises…
- Le rapport homme-femme « et trouver comment donner une réponse conforme à l’anthropologie biblique qui honore l’exigence actuelle d’une certaine, sinon réciprocité, du moins complémentarité des rôles, mieux honorés peut-être ». A son échelle, il met en avant la présence des femmes dans son évêché aux postes à responsabilité. La question des discussions relatives à l’accès des femmes au ministère diaconal est passée sous silence.
- L’ouverture sur la catholicité est très brièvement évoquée.
- La question de la théologie des ministères. Ce développement est le plus long et il est particulièrement bancal. Mgr Pierre-Antoine Bozo tente un rapprochement entre les travaux du synode sur les ministères ordonnés et les trois documents principaux publiés par les évêques qui exposent des modalités pratiques bien éloignées d’une quelconque théologie des ministères (ce n’était pas l’objet de ces documents). Qui plus est, celui relatif à l’accompagnement concerne aussi les laïcs. Au sujet des évêques, il annonce « deux préconisations importantes » mais ne parle que des « visites régulières ». On notera enfin que la question du développement de « ministères laïcs », qui a été très présente au synode, n’est pas mentionnée ici.
Sur un sujet aussi important, qui plus est dans le cadre de l’assemblée plénière de Lourdes, il est surprenant que l’intervention n’ait pas été davantage préparée. Espérons que l’intérêt porté par Mgr Pierre-Antoine Bozo au synode ne soit pas représentatif de celui de l’ensemble des évêques…
Je termine sur ce thème du synode en reprenant les ouvertures que le cardinal Aveline, qui terminait les prises de parole sur ce thème.
Il nous a d’abord évoqué l’importance de soigner les processus de décision. C’est comme ça l’enjeu de la synodalité, et ça vaut à tous les échelons : celui de notre conférence, celui d’un diocèse, d’une paroisse. Donc soigner, clarifier les processus de décision pour que personne ne se sente mis de côté, incapable d’être partie prenante pour dire son avis pour de donner sa vision sur la mission.
Ensuite évidemment, il y a la question qui a été peut-être plus médiatisée du rapport homme-femme. Soigner le rapport homme femme et trouver comment donner une réponse conforme à l’anthropologie biblique qui honore l’exigence actuelle d’une certaine, sinon réciprocité, du moins complémentarité des rôles, mieux honorés peut-être. En tout cas, il y a un sujet à continuer de travailler sérieusement parce qu’il est aussi source, on l’a entendu, de certaines souffrances, même si il y a aussi beaucoup de femmes qui sont engagées dans l’Eglise à des postes de responsabilité et qui sont heureuses de ce qu’elles y trouvent et de ce qu’elles y font. En réfléchissant à cette question, j’essaie de voir dans mon propre diocèse, c’est-à-dire à mon échelle, ce qu’il en est de la place des femmes. Dans mon conseil épiscopal, il y a deux femmes sur les six participants et dans les services diocésains, la plupart sont dirigés par des femmes. Et donc, en tout cas, je vois qu’elles ont une place importante. Alors peut-être que ça ne convient pas à tout ce que certaines espèrent ou souhaiteraient. Mais c’est un sujet qu’il faut continuer de traiter.
Et puis il y a eu une ouverture sur la catholicité. Ça a été pour nous une assemblée plénière qui a vraiment mis en valeur la catholicité. Le cardinal Aveline a rappelé que la catholicité, c’était une vocation : comme ce qu’on appelle « notes de l’Église ». Elle est une, sainte, catholique et apostolique. Ce ne sont pas des constats, ce sont des appels du Seigneur et donc il faut continuer de développer cet appel à la catholicité.
Et enfin, le cardinal Aveline a donné comme ouverture une question qui était peut-être un peu un angle aveugle du synode sur la synodalité, et que justement il faut continuer d’honorer et de travailler : c’est la question de la théologie des ministères. Le ministère de diacre, de prêtre et d’évêque, ce qu’on appelle les ministères ordonnés. C’est quelque chose sur lequel nous nous sommes penchés d’une manière particulière, parce que nous voulons à la fois prendre soin des prêtres, et nous nous sommes penchés dans la suite du rapport de la CIASE, puisque vous savez qu’après le rapport de la CIASE, il y a eu des groupes de travail qui ont été initiés et plusieurs concernaient le ministère des prêtres, c’est-à-dire l’accompagnement du ministère des prêtres, la question des confesseurs et la question de l’accompagnement spirituel. Et donc vous aurez dans vos dossiers de presse, les textes que nous avons voté ensemble, qui ont été élaborés par ces groupes de travail, repris dans les diocèses par les conseils presbytéraux. Nous avons voulu associer les conseils presbytéraux à ce travail et puis finalement voté par par notre assemblée de ce mois de novembre. Et donc trois textes qui donnent des repères clairs pour faire de l’église une maison sûre : c’est toujours le projet évidemment, puisque la confession, l’accompagnement spirituel ont été des lieux d’abus. Mais le but c’est aussi de montrer comment ce ministère est un ministère très beau, très riche et que nous voulons encourager les prêtres dans ce ministère, et pas seulement protéger des dangers qu’on peut y rencontrer.
Et puis il n’y a pas que les prêtres qui doivent avoir des repères précis pour leur pour leur mission : il y a les évêques aussi. Et donc il y avait un groupe sur l’accompagnement du ministère des évêques et dans ce groupe il y avait deux préconisations importantes. L’une sur ce qu’on appelle visites régulières, qui permettent à des évêques de demander d’être visités par un autre évêque et par deux personnes dont une femme quand c’est possible, pour essayer d’avoir un regard extérieur sur leur manière de gouverner leur diocèse et d’exercer leur mission d’évêque. Et donc on s’aperçoit, et ça a été évoqué avec enthousiasme dans l’assemblée, que ces visites régulières sont vraiment sollicitées de plus en plus et que les évêques qui en ont fait la demande et qui ont eu une visite régulière (et j’en fais partie), sont très heureux de ce que leur a permis ce regard objectivé extérieur sur leur manière de gouverner. Parce que dans son propre diocèse, même si on essaie de laisser la parole à ses collaborateurs et de leur laisser une vraie liberté de parole, c’est parfois difficile d’avoir des retours sur la manière dont nous exerçons notre mission.