Le Père Philippe Pouzet condamné à 18 ans de prison pour viol et agressions sexuelles sur mineur
Un prêtre a été condamné vendredi 8 octobre à 18 ans de prison pour un viol et des agressions sexuelles commis sur plusieurs enfants, notamment lorsqu’il était curé dans le village de Massiac (Cantal).
Philippe Pouzet, 70 ans, a également été condamné à une injonction de soins, un suivi socio-judiciaire de cinq ans, une interdiction de se rendre dans le Cantal et une interdiction à vie de toute activité avec des mineurs.
— La Croix
L’enquête avait montré que l’Église, consciente des failles du curé, n’avait pas interrompu sa carrière : elle avait notamment relevé à son sujet « des problèmes d’affectivité », des « moments d’abandon » qui avaient conduit à des « incidents ».
En 1984 à Sommières (Gard), alors maître d’internat, il avait été jugé pour « attentat à la pudeur », après avoir agressé sexuellement deux enfants.
« On relit l’histoire en sachant ce qu’il s’est passé », s’est justifié Mgr Bruno Grua, ancien évêque de Saint-Flour, ajoutant : « Bien sûr que, de temps en temps, je me dis que j’aurais dû être plus vigilant. »
Une directrice d’enquête venue témoigner a estimé qu’une dizaine de prêtres étaient au courant : « Je ne sais pas pourquoi il n’a pas été écarté de son sacerdoce. »
— La Croix
Mes premières pensées vont aux personnes victimes et à la violence qu’elles ont subie, à la souffrance qui est la leur. Nous attendions ce procès et que la justice puisse faire son œuvre sereinement. Le temps du procès fut essentiel pour tous, même s’il a pu aussi représenter une nouvelle épreuve à traverser pour ceux qui ont souffert.
L’engagement de notre Église de Saint-Flour contre les agressions sexuelles et pour la protection des mineurs est renforcé par ce qui a été exposé au cours de ce procès. Ceci nous engage et nous mobilise. La sécurité des enfants et des plus fragiles est et sera toujours notre priorité. Nous prendrons tous les moyens pour cela. Tout est mis en œuvre pour la prévention et la protection des personnes mineures et des personnes vulnérables. Ensemble, nous sommes et demeurons attentifs et vigilants.
Je redis ma confiance aux prêtres qui vivent leur ministère comme un authentique service de ceux qui leur sont confiés, et ma gratitude à tous ceux qui sont engagés dans la promotion d’une culture de bientraitance.
Je veux assurer les personnes victimes, ainsi que toutes les personnes qui ont souffert, de la prière et de la compassion de l’Église, et je leur redis mon soutien et ma disponibilité.
+ Didier NOBLOT, évêque de Saint-Flour
Vendredi 8 novembre 2024
— Communiqué de l’évêque de Saint-Flour à la suite du jugement de Philippe Pouzet
Informations complémentaires
Père Philippe Pouzet
- 1984 A Sommières (Gard), alors maître d’internat, Philippe Pouzet avait été jugé pour « attentat à la pudeur », après avoir agressé sexuellement deux enfants 🡵.
- 1995 Philippe Pouzet est ordonné prêtre malgré sa condamnation l’année précédente 🡵.
- 2011 Affectation du père Pouzet à Massiac, en septembre 2011 🡵. Il invite les enfants à passer la nuit au presbytère, comme le confirme une religieuse : « Oui, les enfants allaient dormir au presbytère, je les entendais jouer à l’étage quand j’y passais le soir. » 🡵
- 2012 Dénonciation d’une tentative d’agression sexuelle sur un jeune sanflorain remontant à l’année 2001. Mgr Grua se justifie ainsi en 2018 : « L’intéressé me demandait l’anonymat, à l’époque. Je ne pouvais donc pas en parler. » « On ne peut pas intervenir de manière massive chaque fois qu’il y a la moindre alerte. Je n’avais pas le sentiment que le père Pouzet pouvait constituer une menace. » « Aujourd’hui, j’ai remis cette lettre [de dénonciation] à la justice. » 🡵
- 2015 Des rumeurs à Massiac envers le père Pouzet 🡵 qui reste en poste.
- 2017 Mgr Grua est prévenu par un diacre très inquiet après avoir vu un baiser volé dans une sacristie. Mgr Grua contacte le parquet d’Aurillac et une enquête pour agressions sexuelles sur mineurs est ouverte. Mais les enfants, sous emprise ne disent rien de ce qu’ils vivent 🡵.
- 2017 Le Père Philippe Pouzet, est affecté à la paroisse Saint Thomas entre Cère et Lacs 🡵 et réside à la demande de l’évêque avec d’autres prêtres à Aurillac pour ne pas qu’il soit seul dans un presbytère 🡵. Même surveillé par ses pairs, Pouzet donne des cours de catéchisme… Et, surtout, il garde un pied-à-terre à Massiac, une petite maison où il passe l’été 2018. Grua avoue : « J’ai trouvé ça maladroit. » 🡵
- 2018 Le courage d’une petite fille brise enfin le terrible secret de la fratrie : « C’est d’abord ma fille qui nous a signalé des gestes déplacés, mains sur les fesses, baisers… Son frère a craqué et a reconnu qu’il n’y avait pas que ça… Des fellations et des viols… Petit à petit, on a découvert l’impensable. Ça a été un tsunami. C’est tout qui s’effondre. Une trahison de la part de ce père qu’on recevait à la maison. C’était un très proche de la famille. Les enfants l’appelait tonton. » Le père de famille massiacoise affirme avoir subi des pressions de la part de l’église pour étouffer l’affaire 🡵.
- 2018 Incarcération de Philippe Pouzet au mois de septembre 🡵.
- 2020 Sortie de prison et placement sous contrôle judiciaire strict 🡵.
- 2024 Condamnation à 18 ans de prison pour un viol et des agressions sexuelles commis sur plusieurs enfants, notamment lorsqu’il était curé dans le village de Massiac (Cantal). Philippe Pouzet, 70 ans, a également été condamné à une injonction de soins, un suivi socio-judiciaire de cinq ans, une interdiction de se rendre dans le Cantal et une interdiction à vie de toute activité avec des mineurs 🡵.
Le père de famille massiacoise affirme avoir subi des pressions de la part de l’église pour étouffer l’affaire [celle de 2018]. « C’est peut-être un peu utopique, mais si je témoigne, c’est pour que les gens parlent. Que ce ne soit plus un sujet tabou. On m’a demandé d’éviter de parler aux médias et de régler ça en famille. Mais je ne me tairai pas. Je veux que ça aille au bout et que toutes les responsabilités soient établies. Ce sont des hommes d’église qui (les) couvrent, je ne peux pas l’admettre… Il faut que toute la lumière soit faite. Pour le bien de l’église… »
Bien sûr que, de temps en temps, je me dis que j’aurais dû être plus vigilant.
Une directrice d’enquête venue témoigner [au procès en 2024] a estimé qu’une dizaine de prêtres étaient au courant : « Je ne sais pas pourquoi il n’a pas été écarté de son sacerdoce. »