Abbé Pierre : la gestion des archives de l'Église pour éviter le scandale
A Paris
Plus de 200 documents se trouvent aux archives au sujet de l’abbé Pierre. On a donc connaissance de manière certaine d’un certain nombre d’échanges avec plusieurs diocèses.
A Grenoble
- « Ces archives [le dossier de l’abbé Pierre au diocèse de Grenoble], nous avons cherché à les consulter, pour l’instant sans succès. Le diocèse indique toutefois qu’il s’agit d’un dossier purement administratif, qui doit faire trois pages, avec l’ordination et la démission de l’abbé Pierre à son poste de vicaire de la cathédrale, et qui ne contient aucun document personnel ou de correspondance. » Le Dauphiné Libéré
- « Ce samedi, Mgr Jean-Marc Eychenne, évêque de Grenoble-Vienne, nous accordait une interview pour nous dire qu’il tenait à disposition de la justice ces archives, et il nous apprenait qu’une seule pièce importante avait été retrouvée dans celles-ci. « On a une lettre des Capucins - une communauté à laquelle l’abbé Pierre avait un instant appartenu. Cette lettre, qui date de 1965 [en fait, 2005], avait été envoyée alors au diocèse de Grenoble.» » Le Dauphiné Libéré
On sait pourtant qu’il y a eu plusieurs échanges épistolaires entre Mgr Villot et Mgr André-Jacques Fougerat, évêque de Grenoble au sujet de l’abbé Pierre. Les lettres ont été retrouvées dans les archives parisiennes… mais rien à Grenoble ! Ni réception, ni envoi de courrier d’après les minces archives.
A Montréal et à Quebec
Il n’y a aucune mention dans les archives de l’archidiocèse de Montréal «de quelque agression envers des femmes ou d’un acte malveillant de l’abbé Pierre lors de ses visites à Montréal», a conclu cet été le juge à la retraite André Denis. Il n’a y rien non plus à ce sujet dans les archives de l’archidiocèse de Québec, a confirmé à Présence l’évêque auxiliaire Marc Pelchat.
— Présence
L’avis juridique du père Morrisey, canoniste
Le père Morrisey
Conseiller auprès de certains offices et dicastères du Vatican, de conférences épiscopales, de nombreuses communautés religieuses et d’organismes catholiques, le père Morrisey a donné des conférences dans plus de 55 pays sur des questions concernant l’Église, ses lois et leur interprétation, ont indiqué à son décès les Oblats de Marie-Immaculée, la congrégation religieuse où il a prononcé ses premiers vœux en 1956.
— Présence
La destruction des archives qui pourraient « nuire plus tard »
En 1991, un spécialiste du droit canonique de réputation mondiale [le père Morrisey], aujourd’hui décédé, a rédigé un avis qui a été remis aux archivistes religieux du Québec. Il recommandait entre autres «de détruire certains documents» de crainte qu’un jour ils soient saisis par les autorités civiles ou qu’ils puissent «nuire plus tard», de conserver «moins de documents que plus» aux archives et de «ne pas faire trop de publicité» à ces recommandations.
— Présence
Puisqu’on n’est pas obligé de tout garder, il serait bon qu’avant qu’une cause civile ne se présente, de passer à travers les archives et [de] détruire tout document qui pourrait nuire plus tard.
Comment cacher les archives pour qu’elles soient inaccessibles aux autorités civiles ?
Dans cette lettre de 1991, l’oblat Francis G. Morrisey révèle que des évêques canadiens ont déjà «eu recours à la nonciature apostolique» — le nonce apostolique est l’ambassadeur du Vatican au Canada tandis que la nonciature est à Ottawa — afin d’y déposer des documents «qu’on ne veut pas détruire, mais qu’on ne voudrait pas non plus voir mis au public».
— Présence
En conclusion
Il y a eu un cas d’abus où les archives ont montré que l’évêque était au courant mais n’a pas dénoncé ni agi.
Que faire pour que ça ne se reproduise pas : dénoncer les autres abus ? Non, supprimer les archives.— @Le_Nain