L'institut Notre-Dame de Vie sommé de se réformer
Trois ans après le début de la visite apostolique à l’institut Notre-Dame de Vie (NDV), sur fond de tensions internes entre les différentes branches, et de souffrances exprimées particulièrement au sein de la branche féminine, Rome a rendu un premier verdict.
Dans un décret daté du 16 juillet dernier, que les visiteurs apostoliques ont présenté de vive voix à tous les membres de l’institut, le dicastère pour la vie consacrée a décidé de nommer un nouveau gouvernement à la tête de la branche féminine pour une durée de quatre ans – ainsi qu’une assistante apostolique, Giuseppina Bellocchi, vice-responsable mondiale de l’institut séculier des Volontaires de Don Bosco –, avec pour mission d’accompagner tout l’institut dans son travail de réforme.
— La Croix
L’afflux de témoignages, certains remontant à la fin des années 1990, avait poussé Rome à mandater une visite apostolique en 2021. Ils faisaient état de graves difficultés, comme l’ont rapporté à La Croix des membres anciens et actuels de l’institut : « Autoritarisme », « utilisation abusive du vœu d’obéissance », « manque d’accompagnement », « épuisement », « infantilisation », « peur d’être marginalisée », « absence de dialogue », injonctions à « faire confiance », « culte du secret sur les questions d’argent et de pouvoir »… Autant de situations renforcées par le « sentiment de supériorité », qui serait entretenu dans l’institut, selon ces témoignages, et rendrait difficile toute remise en question.
Ces récits rejoignent les constats des visiteurs qui, dans une communication aux membres de l’institut, fin mai, en amont du décret, évoquaient « des souffrances exprimées dans tous les pays, toutes les cultures, toutes les générations ».
— La Croix
Rome avait donné, dès 2023, quelques signaux d’une reprise en main. Anticipant l’assemblée générale de la branche féminine qui devait élire un nouveau gouvernement après douze années sous la responsabilité d’Emmanuelle Ruppert, le dicastère avait demandé de surseoir à ces élections. Rome s’est réservé le droit de désigner la nouvelle gouvernance : avec Véronique Menvielle, 76 ans, à la tête de la branche féminine, assistée de Laurence Perrière, ainsi que d’un conseil de cinq femmes représentatives de la diversité géographique de l’institut.
Outre ces nominations, le décret énumère les points, nombreux, sur lesquels l’institut dans son ensemble devra travailler : le rapport aux fondateurs, la compréhension du charisme (assortie d’un « processus de révision des constitutions »), l’exercice de l’obéissance et de l’autorité, l’inculturation, la formation, la mise en place d’un fonctionnement synodal « à tous les niveaux », la compréhension de la sécularité (lire les repères) et enfin la gestion de l’héritage, spirituel autant que matériel, de l’institut.
— La Croix
Communiqué de Notre-Dame de Vie
Ce 29 juillet 2024, les membres de l’Institut Notre-Dame de Vie, réunis en présentiel et en visioconférence, ont pris connaissance des décisions du Dicastère pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostoliques. Ces décisions font suite à la visite apostolique débutée en 2021 par les visiteurs apostoliques, Mgr Pascal Roland, évêque du diocèse de Belley-Ars, et madame Nadège Védie, membre du Conseil exécutif de la Conférence Mondiale des Instituts Séculiers.
Les membres de Notre-Dame de Vie ont entendu la confiance que le Dicastère leur porte et l’invitation faite à tous de « participer au renouveau dans la continuité et non dans la rupture ». C’est dans cet état d’esprit d’espérance et de responsabilité qu’ils accueillent l’Assistante apostolique nommée par le Saint-Siège. Cet accompagnement extérieur, par une responsable d’un institut séculier international, soutiendra le renouvellement auquel l’Institut Notre-Dame de Vie est appelé aujourd’hui.
À l’écoute de l’Esprit Saint, les membres de l’Institut Notre-Dame de Vie prennent résolument et avec confiance le chemin synodal sur lequel le Dicastère les invite à avancer. Ils désirent profondément vivre l’appel du pape François aux instituts séculiers : « Je vous demande aujourd’hui d’être des sentinelles qui regardent en Haut et en avant, la Parole de Dieu dans le cœur et l’amour de vos frères et sœurs dans les mains. Vous êtes dans le monde pour témoigner qu’il est aimé et béni par Dieu. Vous êtes consacrés pour le monde qui attend votre témoignage pour accéder à une liberté qui donne la joie, qui nourrit l’espérance, qui prépare l’avenir. »
(Pape François, Lettre à la Présidente de la Conférence mondiale des instituts séculiers, 2 février 2022)
Dans les archives : condamnation du père Alain Bonjour
IMPORTANT : cette archive ne doit PAS laisser penser qu’il y a un problème généralisé d’abus sexuels à Notre-Dame de Vie. Ce n’est PAS ce qui a été pointé par les visiteurs apostoliques.
Procès d’Alain Bonjour : communiqué de l’Institut Notre-Dame de Vie
Venasque, le 14 février 2023Au terme du procès devant la cour criminelle départementale de Saint-Omer (Pas-de-Calais) qui s’est déroulé les 13 et 14 février, Alain Bonjour, prêtre de l’Institut Notre-Dame de Vie, a été reconnu coupable de viol et agressions sexuelles sur mineure de moins de quinze ans et condamné à six ans de prison ferme et cinq ans de suivi socio-judiciaire incluant une obligation de soins psychologiques et l’interdiction d’activités avec des mineurs.
Alain Bonjour a été mis en examen le 27 juin 2017 pour des faits remontant à 2005-2006. C’est à ce moment-là que les responsables de Notre-Dame de Vie ont eu connaissance des faits reprochés. Alain Bonjour a fait immédiatement l’objet de mesures conservatoires : éloignement de tout mineur et arrêt de tout ministère public.
Nos pensées vont avant tout vers la jeune femme victime et ses proches, qui ont été gravement et douloureusement atteints. Nous leur exprimons notre profonde compassion et nous nous associons à leur souffrance.
Nous partageons aussi le choc et la peine que ces événements si graves suscitent chez beaucoup de personnes.
Maintenant que la justice s’est prononcée, l’instruction canonique interne à l’Église va se poursuivre.
Devant la gravité des faits, les responsables de l’Institut Notre-Dame de Vie expriment fortement leur engagement dans la prévention des abus de toute sorte. Avec toute l’Église, l’Institut Notre-Dame de Vie est déterminé à tout mettre en œuvre pour contribuer à ce que l’Église soit pour tous une maison sûre.
P. Emmanuel Hirschauer
Mme Emmanuelle Ruppert
M. Eduardo José E. CalasanzResponsables Généraux de l’Institut Notre-Dame de Vie