Lazaristes : analyse de l'article du journal Le Monde

France, 2024, an III après la CIASE.
On aimerait que les vieux réflexes de protection, d'ex filtration aient disparu.
On aimerait que les victimes de l'Église soient enfin au centre.
Nouvelle démonstration qu'il n'en est rien.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/09/13/le-combat-de-trois-jeunes-femmes-victimes-d-un-pretre-lazariste-une-emprise-physique-et-spirituelle_6315596_3224.html

Dans cette lamentable affaire, on a une fois de plus toutes les étapes du vieux schéma usé jusqu'à la corde dont on ne peut plus, dont on ne veut plus.
En 2024.
Trois ans après la CIASE.

Étape 1 Faire traîner.

Les premières alertes, pour ce qu'on en sait, datent de 2002.
Première plainte, à moins que d'autres victimes inconnues en aient déposé avant, devant une juridiction canonique: 2011.
Première monition (avertissement) canonique : 2019.
En 2019, donc, on a un prêtre, Vincent Goguey, qui s'est conduit ainsi en 2002 avec une jeune fille de 18 ans :

Au fil des rendez-vous et quand elle atteint la majorité, l'homme d'Église devient de plus en plus tactile. Lors d'une rencontre dans un parc, en 2002, il lui bloque les mains et les jambes et commence à la caresser sous son tee-shirt, selon elle. « J'ai crié. Il m'a dit que c'était pour m'aider et qu'il avait déjà fait pire à d'autres », témoigne Karima.

Le Monde

Puis quand la jeune femme, 9 ans plus tard, en 2011, lui donne rdv pour lui PARDONNER, il fait ceci:

En 2011, à 27 ans, « portée par [sa] foi », Karima veut pardonner au prêtre. Il lui impose un rendez-vous dans la chambre de la jeune femme. « Il a fermé la porte, baissé son short sans rien en dessous et s'est mis sur moi sur le lit pour me masser », raconte la jeune femme.

Le Monde

En 2015, il fait ceci à une autre jeune femme:

Après la plainte de Karima s'ajoute justement celle de Claire. La trentenaire situe son agression vers 2015. « Il m'a fait asseoir sur ses genoux puis il a passé sa main sous mon corsage jusqu'à ma poitrine. Il y avait une emprise physique et spirituelle, car c'était mon accompagnateur à l'époque, qui avait un rôle d'autorité, à qui je m'étais beaucoup confiée », dénonce-t-elle. Claire a mis trois ans, à la suite d'un changement d'accompagnateur en 2018, pour en parler et passer, dans sa tête, « de coupable à victime », avant de déposer plainte à la gendarmerie pour « agression sexuelle ». Les langues se délient dans les communautés, certaines rumeurs de « comportements inadaptés avec des animatrices » remontent à elle.

Le Monde

Le tribunal canonique de Lille, outré (lentement) par ce comportement qui montre un probable agresseur en série, se montre implacable : 8 ans après la plainte de Karima, hop ! Monition.
Traduction: « si tu recommences, on va se fâcher tout rouge ».

Étape 2 Balader les victimes

Pendant la procédure canonique, dont elles sont exclues, et qui vont donc accoucher de la souris-monition, on rassure les victimes: ça va barder pour l'agresseur.

Quelques jours plus tard, elle porte plainte au tribunal ecclésiastique de Lille, puis au civil. Sans succès. « On m'a juste appris que G. était en sursis » auprès des autorités ecclésiastiques, se rappelle-t-elle.

Le Monde

Lors de la deuxième (à notre connaissance, toujours) procédure canonique, on a ce morceau de bravoure:

Une nouvelle enquête préliminaire, diligentée par le vice-official du tribunal interdiocésain de Paris, conclut, le 27 novembre 2023, à un « fumus delicti », c'est-à-dire que l'Église considère que l'accusation est vraisemblable. Il est aussi précisé que le père Vincent G. est « absolument récidiviste dans son comportement délictueux ». Pour autant, le rapport préconise « la réprimande et le précepte, qui semblent plus appropriés (…) vu qu'il n'y a pas stricto sensu d'abus sexuel, mais certainement des gestes à connotation sexuelle contraires au sixième commandement du Décalogue ».

Le Monde

Dites, M. le vice-official de Paris, une idée me vient, là, tout de suite. Si je viens vous voir, que je vous plaque au sol, vous maintiens les poignets et les chevilles et que je vous masse les tétons, vous continuerez à penser qu'il ne s'agit pas stricto sensu d'abus sexuel ?
Non parce que si vous pensez que c'est un comportement sexuel normal, j'ai des adresses de professionnels qui peuvent vous aider.
Ne restez pas seul, vraiment.
Du côté des autorités lazaristes, on déplore, on regrette, on se désole.
Ah ! Si l'institution avait fait ce qu'il fallait, vraiment tout notre soutien aux victimes, dit… Le patron de l'institution des Lazaristes.

De son côté, le père Frédéric Pellefigue fait le « constat de défaillances en termes de discernement », dans ces histoires où « des mesures contraignantes auraient dû être prises si l'Église avait davantage pris conscience des dangers encourus ». « Dans la vie religieuse, nous n'avons pas toujours pris la mesure des risques, croyant en la conversion des personnes », conclut-il.

Le Monde

Du côté de l'évêque, Mgr Nicolas Souchu de @diocese40, on assure qu'il « n'a plus de mission dans le diocèse ». Et puis en fait on apprend qu'il anime des groupes sur un lieu de pèlerinage, parce qu'il faut bien « le mettre quelque part ».

Oh ben tiens.

L'homme réside actuellement à l'église du Berceau, à Saint-Vincent-de-Paul, près de Dax (Landes). Un lieu de passage de nombreux pèlerins, s'étonnent plusieurs observateurs. De son côté, Mgr Nicolas Souchu, évêque du diocèse d'Aire-et-Dax, assure que le père G. « n'a plus de mission dans le diocèse ».

Le Monde

En attendant, au sein de sa communauté, au Berceau, le père Vincent G. anime actuellement des groupes d'adultes pour faire découvrir la vie de saint Vincent de Paul. « Je sais qu'il est accompagné (…) et qu'il se fait discret. De toute façon, s'il n'était pas au Berceau, il faudrait bien qu'il soit quelque part », a écrit l'évêque d'Aire-et-Dax en juillet à des proches d'une victime.

Le Monde

Étape 3 Faire appel à la conscience de l'agresseur. Qui évidemment s'en fiche comme de son premier abus

Ça marche tellement bien, hein.
Je sais pas si pas moi, vous faites des statistiques, des trucs un peu sérieux dans vos officialités ?

Pas de procès canonique donc, mais une réprimande administrée par le père Frédéric Pellefigue, supérieur de la communauté des lazaristes, le 19 février. « Je vous exhorte à prendre conscience du devoir de changer absolument votre comportement en adoptant la réserve nécessaire qui prévaut dans les relations humaines, en particulier avec les femmes », lui demande le Visiteur provincial de France. A cela s'ajoute l'interdiction de tout contact avec les plaignantes, de tout accompagnement spirituel ou confession auprès de femmes de moins de 30 ans pendant cinq ans.".

Le Monde

Honnêtement, combien d'agresseurs ont vu les écailles tomber de leurs yeux après ce genre de lettre ? Sont tombés à genoux en disant « ah mon Dieu je vois à présent que c'est mal, je file illico me rendre à la police »?
Non parce qu'en bonne théologie, si je ne m'abuse, le repentir du coupable doit permettre de réparer le mal de faute et le mal de peine.
Elles sont où, les réparations, dans votre façon de faire ?
Le résultat, c'est que les victimes ne vous font plus aucune confiance.
Et quand on lit ça sous la plume de @Mgr_EMB dans le Fig du 26/7, et que semaine après semaine on a la preuve qu'évêques et supérieurs majeurs continuent de faillir, hé bien d'autres voies se mettent en place.

En revanche, je peux dire de manière certaine que tous les évêques d'aujourd'hui sont, depuis la réception du rapport de la CIASE, rapport réalisé à la demande et grâce au soutien financier et matériel des diocèses et des congrégations religieuses de France, engagés dans le travail nécessaire pour que la vérité se fasse et pour que des comportements d'agression ou de violence sexuelle, contre des personnes mineures ou adultes, soient traités et signalés aux autorités administratives ou judiciaires comme ils doivent l'être, en mettant au centre l'écoute des personnes qui en ont été victimes.

Le Figaro

Aujourd'hui, Léa a décidé de lancer un appel à témoignages.

Parce que ça suffit.
Les procédures et les (éventuelles) sanctions ne peuvent plus rester confinées dans le secret de vos officialités.
Les victimes, actuelles et futures, ne peuvent plus attendre.
Ne comprenez-vous pas, toujours pas, que le silence est la meilleure cachette des agresseurs ? Que leur impunité prend racine dedans ?
Il y a deux silences.
Le silence des victimes, et croyez-moi c'est en train de changer.
Votre silence, qui est de la complicité.
Voici l'appel à témoins de Léa et de son ami Benjamin.
La totalité du témoignage, outre l'article de @lemondefr est ici :
Partagez, likez, allez-y.
Vous n'êtes plus seules.
#LaHonteDoitChangerDeCamp

Et côté Lazaristes ?

Tout est dit dans ce thread de Natalia :
https://x.com/ntrouiller/status/1837868231924633643

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