Même inconsciente, le traumatisme parvient tout de même à s'installer, analyse la psychiatre Muriel Salmona
Une interview à lire en intégralité, sur le site internet de France3.
Même sous sédatif, le traumatisme parvient à s’installer notamment par le biais de la mémoire traumatique qui enregistre dans une petite structure archaïque du cerveau (l’amygdale cérébrale) les sensations et les ressentis corporels les bruits, et l’état de stress intense s’établit même si la victime n’est pas consciente. Cette mémoire n’est ni visuelle ni intellectuelle mais elle archive les atteintes corporelles et les mises en danger. Lors de situations d’extrême danger, le cerveau peut disjoncter et faire complètement déconnecter le circuit émotionnel et de la mémoire pour protéger l’organisme d’un stress représentant un risque vital. Ainsi, il n’est pas rare que même sans soumission chimique, la victime puisse se retrouver dissociée, dans le brouillard et avec d’importants troubles de la mémoire. Elle ressentira des sensations de mort imminente, de la suffocation, de l’angoisse sans pour autant faire le lien avec une agression. Avec la soumission chimique, l’agresseur en plus de faire subir de graves atteintes à l’intégrité de la victime, s’assure également de lui voler toute possibilité de comprendre ce qu’il se passe. Dans ces configurations, si la révélation est un choc d’une extrême violence, elle permet aussi d’établir le récit de l’événement, de décrypter des sensations et symptômes et de leur donner du sens.