Abbé Pierre : réactions de Mgr Jean-Marc Eychenne
- https://www.francebleu.fr/emissions/l-invite-du-6-9-france-bleu-isere/abbe-pierre-l-eveque-de-grenoble-confirme-avoir-recu-des-2005-une-lettre-denoncant-des-gestes-deplaces-3763474
- https://c.ledauphine.com/faits-divers-justice/2024/08/25/isere-affaires-abbe-pierre-on-en-sait-plus-sur-la-lettre-recue-au-diocese-de-grenoble
L’évêque de Grenoble confirme que le diocèse a reçu en 2005 un témoignage
« On avait reçu une lettre en 2005 » [du temps de Mgr Louis Dufaux] confirme ce mardi Mgr Jean-Marc Eychenne, évêque de Grenoble-Vienne, au micro de France Bleu Isère. « C’est une personne qui, lors d’une signature de livre en Belgique en 1980, a rencontré l’abbé Pierre. Elle était la dernière, un peu isolée. L’abbé Pierre aurait alors eu des gestes déplacés, il se serait mal comporté. Elle dit avoir été « molestée » par l’abbé Pierre », rapporte l’évêque. « Elle souhaitait obtenir des excuses de l’abbé Pierre qui en 2005 était déjà très âgé » (ndlr : il avait 93 ans).
Cette lettre avait été adressée initialement aux Capucins de France (un ordre fréquenté un temps par l’abbé Pierre), qui l’ont alors transmis au diocèse de Grenoble-Vienne. « Car il avait été incardiné ici, c’est là qu’il a commencé à exercer, il était donc référencé ici », explique Mgr Eychenne. « L’évêque d’alors a demandé aux Capucins de nous adresser cette personne pour l’aider, pour clarifier la situation mais nous n’avons pas eu de suite ». Le diocèse lui-même n’a pas donné de suite ? « Non » reconnaît l’évêque.
On a demandé à Mgr Jean-Marc Eychenne, pourquoi il n’y a pas eu de suite. En effet, en 2002, le pape Jean-Paul II avait déjà condamné les agressions au sein de l’Église, notamment après tous les scandales révélés aux États-Unis. Il nous répond : « L’évêque de Grenoble d’alors avait demandé aux Capucins de dire à cette personne de nous contacter, mais visiblement elle ne l’aurait pas fait. On ne trouve aucune trace dans nos archives d’une éventuelle suite à l’affaire. Aujourd’hui, cela ne serait pas passé comme ça, on aurait fait un signalement au procureur, on lui aurait demandé conseil. »
Mgr Eychenne reconnait que d’une certaine manière, personne n’était responsable de Abbé Pierre… même si canoniquement, il était incardiné à Grenoble.
Et manifester à Grenoble, c’est cohérent ?
« Je dirai que les manifestants se trompent un peu de cibles, car l’abbé Pierre a occupé plusieurs fonctions au sein du diocèse de Grenoble-Vienne entre 1939 et 1944, au début de sa vie de prêtre. Après, il n’était plus du tout chez nous. Bien sûr, il est repassé plusieurs fois en Isère, mais on était en incapacité d’exercer une quelconque tutelle sur lui, du fait notamment de son aura. Il était presque intouchable, avec son passé dans la Résistance, sa lutte contre la grande précarité. C’est d’ailleurs un sujet : quand on place des personnes au-dessus de la mêlée, on prend un risque, celui d’installer la possibilité d’abus de domination. »