Les mosaïques de Rupnik resteront en place à Lourdes… pour le moment

A Lourdes

Les mosaïques de Rupnik ont été inaugurées en 2008, à l’occasion du 150e anniversaire des apparitions de Lourdes. Pour l’aider à choisir s’il faut les retirer (elles sont amovibles) ou les laisser en place, Mgr Jean-Marc Micas s’est entouré d’une commission qui a travaillé pendant huit mois. L’évêque du diocèse de Tarbes et Lourdes annonce alors sa décision : ne pas décider.

Pourtant Mgr Jean-Marc Micas a déclaré que son opinion personnelle était désormais claire : il est favorable à leur retrait :

Pour les personnes victimes, les mosaïques de Marko Rupnik sont un empêchement de venir à Lourdes. Car l’un des problèmes bien identifiés par la commission est l’omniprésence de ces œuvres : elles sont inévitables. Il faut traverser ces mosaïques pour entrer dans la basilique du Rosaire, puisqu’elles recouvrent la façade et les portes, mais aussi les affronter pendant toute la traversée de l’esplanade pour accéder à la grotte car elles ornent les rampes d’accès à la basilique. Des victimes m’ont décrit cette réalité comme deux bras d’un abuseur qui les enserrent et réveillent chez elles un traumatisme absolument épouvantable.

Or Lourdes est un lieu de miséricorde et de reconstruction où les personnes abîmées par la vie et aussi par l’Église doivent garder la première place. C’est la grâce propre de ce sanctuaire : rien ne doit les empêcher de répondre au message de Notre-Dame invitant à y venir en pèlerinage.

Mgr Jean-Marc Micas, dans La Croix

D’un côté « elles empêchent aujourd’hui des milliers de personnes de venir à Lourdes chercher ce pourquoi Lourdes est fait. » à 10:00… d’un autre, « J’ai décidé de ne pas les retirer dans l’immédiat, tant le sujet suscite de passions et de violence », sans que l’on sache de quelles violences il est question… des courriers peu aimables, peut-être ? Comme le dit Philippine de Saint-Pierre « Comment est-ce que vous pouvez annoncer une décision qui n’est pas en accord avec votre conviction profonde ? On a le sentiment que c’est privilégier une unité dont on ne sait pas très bien ce que c’est (…) au détriment de ce que vous disiez pour les victimes. » à 14:20

Y aurait-il quelques pressions romaines ? Selon Mgr Jean-Marc Micas, « tout le monde donne des avis. Jusqu’au plus haut niveau, mais ce sont des avis. ça n’a pas le statut d’ordre impérieux et je n’ai plus qu’à m’exécuter. C’est pas de cette nature. » à 17:47. Dans le contexte des récentes prises de position de Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la communication, et du Cardinal Sean O’Malley, président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, il semble plus que probable que Mgr Jean-Marc Micas ait été mis fortement sous pression.

Seule modeste avancée : les mosaïques ne seront plus éclairées la nuit, notamment pendant la procession aux flambeaux qui rassemble chaque soir au bord du Gave des milliers de pèlerins en quête de consolation et de réparation.

Rappels au sujet de « l’affaire Rupnik »

Accusations

Marko Rupnik est accusé de multiples viols et agressions sexuelles, d’abus spirituels et psychologiques sur une période comprise entre le milieu des années 1980 et 2018, soit plus de 30 ans.

Paroles de victimes

Tensions au Vatican

« Nous parlons d’affaires que nous ne connaissons pas. Qui suis-je pour juger les histoires de Rupnik ? », a-t-il fait valoir, avant d’ajouter : « Je pense qu’en tant que chrétiens, nous devons comprendre que la proximité avec les victimes est importante, mais je ne sais pas si le fait de retirer l’art de Rupnik est un moyen de nous rapprocher d’elles. »

Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la communication, cité par La Croix

« Le pape François nous a exhortés à faire preuve de sensibilité et de solidarité à l’égard des personnes victimes de toutes les formes d’abus. Je vous demande de garder cela à l’esprit lorsque vous choisirez les images qui accompagneront la publication de messages, d’articles et de réflexions à travers les différents canaux de communication à notre disposition »

Cardinal Sean O’Malley, président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, cité par La Croix

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