Pour Jean-Marc Sauvé, après la CIASE, il reste des problèmes de fond à régler
JM Sauvé : Je pense qu’aujourd’hui, l’Église est mieux armée pour traiter ces affaires, c’est-à-dire qu’elle est sortie de la loi du silence et du règlement interne de ses difficultés qui consistait à muter des prêtres auteurs de violences sexuelles discrètement. En revanche, il y a des problèmes plus fondamentaux qui touchent à la morale sexuelle de l’Église catholique, à la formation des prêtres, au gouvernement même de l’Église catholique. Ce sont des problèmes de fond et ces problèmes ont été largement contournés ou esquivés. Donc, il y a encore, à mon sens, tout un programme de travail qui est devant nous pour aller au terme des recommandations du rapport.
FB : Pourquoi est-ce que l’Église n’avance pas sur ces changements profonds que vous recommandez, selon vous ?
JM Sauvé : C’est beaucoup plus difficile, par exemple, de reformuler la morale sexuelle de l’Église catholique que de dire « Toi, à l’âge de douze ans, tu as été victime d’agressions très graves. L’Église catholique te reconnaît comme victime et elle est prête à t’accompagner et à te verser une indemnité qui va jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros, ce qui naturellement, ne réparera jamais l’intégralité des préjudices subis, mais marquera le caractère exceptionnellement grave de ce qui s’est passé. » Et il est plus facile de régler ou de tenter de régler une situation personnelle que de mettre à plat un problème structurel.