Une nouvelle preuve d'une prise en charge défaillante des victimes par la CEF… (bonus : conseils pratiques au victimes et parents de victimes à partir de cet exemple)
Il y a des jours, franchement, on se demande s'il y a de l'espoir pour l'institution.
— Natalia Trouiller (@ntrouiller) May 26, 2024
Ce qui se passe encore aujourd'hui dans l'accompagnement des victimes au plus haut niveau est franchement inadmissible.
Exemple tout frais.
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Il y a des jours, franchement, on se demande s’il y a de l’espoir pour l’institution. Ce qui se passe encore aujourd’hui dans l’accompagnement des victimes au plus haut niveau est franchement inadmissible. Exemple tout frais.
Une famille contacte la cellule ad hoc de la CEF. Un gosse de onze ans, victime d’un prêtre pendant 18 mois. Les faits sont tout récents. Les parents ont super bien réagi : immédiatement cru leur gamin (alors que le prêtre était un proche), porté plainte, etc.
Ces gens, des piliers de paroisse, sont perdus. Ils demandent donc de l’aide via l’adresse nationale paroledevictimes@cef.fr. Voici ce qu’on leur répond.
Sur le site de @Eglisecatho, on lit ceci à propos de cette adresse. Où sont « l’information, la mise en relation et l’action » dans cette réponse ? On ne donne aucune piste concrète à ces gens.
Et ce qui est dit dans le mail est juste faux et scandaleux. Les vieux réflexes de protection de l’institution sont toujours là. On traite ces gens comme un cluster d’Ebola à isoler coûte que coûte.
On comprend dans ce que disent les parents qu’on a affaire à une famille nombreuse. On les félicite d’avoir eu le réflexe d’envoyer le gamin et la mère chez le psy. On en rajoute en disant qu’il faudrait un psy par gamin. Très bien, bonne idée.
Mais pas une seconde on ne s’inquiète du coût que cela peut représenter.
- Pourquoi ne pas dire à ces parents qu’il peuvent exiger du diocèse concerné, sans attendre, une prise en charge financière de ces soins ? Bien des diocèses le font, ça fait partie des bonnes pratiques.
- Pourquoi n’y a-t-il pas une ligne sur l’existence de l’INIRR, l’instance de réparation et d’indemnisation de l’Église ? Même si l’INIRR respecte la suspension judiciaire tant que l’affaire n’est pas jugée, il est crucial de la saisir dès les premiers jours.
- Pourquoi ne dit-on pas aux parents que l’on va s’assurer que le prêtre est bien suspendu par son évêque ? Qu’ils ont bien prévenu le Dicastère pour la doctrine de la foi, qui sera chargé de juger canoniquement le prêtre ?
- Mieux: pourquoi ne pas le faire pour eux ?
D’un côté, un Conseil de Prévention et de Lutte contre la Pédophilie (pédocriminalité serait plus adéquat mais bon) de la CEF avec des gens payés par les fidèles pour effectuer ces démarches, et qui ne le font pas. De l’autre des parents perdus, qu’on laisse dans leur angoisse. Ça suffit, à la fin. Trois ans après le rapport de la CIASE.
Alors voici un petit mémo de mon cru sur ce qu’il convient de faire si vous êtes confronté à cette situation.
- 🔴 1/ Croyez votre enfant. Toujours.
- 🔴 2/ Portez plainte, n’attendez pas que le diocèse le fasse.
- 🔴 3/ Saisissez la cellule d’écoute de votre diocèse pour les informer de la plainte.
- 🔴 4/ Exigez une suspension du prêtre (protection des mineurs).
- Demandez un remboursement des frais engagés pour le suivi de l’enfant ET des siens.
- 🔴 5/ Vérifiez que l’évêque est au courant, qu’il a prévenu le Dicastère pour la doctrine de la foi, et contacté le Tribunal Pénal Canonique National,
- 🔴 Ne croyez pas ceux qui vous disent qu’on ne peut rien enclencher tant que la justice de la République n’est pas passée C’est FAUX même si c’est une pratique encore courante. Ci-joint, le mémorandum que tous les évêques ont reçu du TPCN lors de la dernière plénière à Lourdes.
- 🔴 6/ Saisissez l’INIRR. Ils vous accompagneront même pendant la suspension judiciaire dans ces démarches.
C’est à hurler d’avoir à écrire un thread pareil en 2024. Juste pour informer correctement les gens de leurs DROITS. Mais bon. Voilà qui est fait ⏹️