Procès d'Olivier de Scitivaux - L'amnésie d'anciens responsables du diocèse d'Orléans
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/loiret/orleans/proces-scitivaux-j-ai-subi-entre-130-et-150-agressions-raconte-une-victime-alleguee-2973638.html
- https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/le-proces-de-l-ancien-pretre-orleanais-olivier-de-scitivaux-s-ouvre-ce-mardi-devant-la-cour-d-assises-du-loiret-5702414
- https://www.leparisien.fr/faits-divers/chaque-fois-quil-venait-jy-passais-victimes-dun-ex-pretre-juge-pour-viols-trois-freres-racontent-leurs-sevices-22-05-2024-RV377BRQRJDAZM5NMZ6ZN6OREI.php
- https://www.challenges.fr/societe/orleans-le-silence-des-eveques-pointe-au-proces-d-un-ex-pretre-juge-pour-viols-sur-mineurs_893729
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/loiret/orleans/proces-scitivaux-le-pretre-nous-a-mis-de-la-poudre-aux-yeux-comment-une-famille-a-ete-bernee-pour-ne-pas-voir-l-horreur-2974085.html
⚖️ L'ancien prêtre d'Orléans, qui a reconnu des centaines de viols et agressions sexuelles sur de jeunes garçons pendant plus d'une décennie, a été condamné à 17 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Loiret #AFP 1/2 pic.twitter.com/pUSWRUyKuN
— Agence France-Presse (@afpfr) May 25, 2024
Mgr Jacques Blaquart, actuel évêque d'Orléans, au procès d'un prêtre dont il avait la charge. Informé d'agissements, il a convoqué le prêtre, puis l'a déplacé. "J'aurais pu mieux faire". Des centaines de viols d'enfants. 17 ans de prison pour l'accusé. https://t.co/xRbgepubNq
— Héloïse de Neuville (@heloise_dn) May 26, 2024
Des centaines de viols.
— Natalia Trouiller (@ntrouiller) May 26, 2024
"J'aurais pu mieux faire".
Le parquet ne poursuit pas, l'évêque n'a même pas la décence de démissionner.
La cause de la protection des enfants se porte comme un charme en France. https://t.co/iZ4mMVRXkn
« Comment un prêtre, un ami, peut faire ça à un enfant ? » Témoin effaré de « l’amnésie » d’anciens responsables du diocèse d’Orléans, passés à la barre ce mardi, affirmant tous ne pas se souvenir de ce qu’il se passait vraiment, Quentin a décidé d’être apostasié à l’issue du procès.
Mgr Jacques Blaquart : « Je n’ai pas fait assez et j’aurais pu mieux faire »
« Les penchants d’Olivier De Scitivaux pour les jeunes garçons, c’est quelque chose qui était connu, comme la Loire qui coule sous le pont », a ainsi déclaré l’un des témoins entendus par les enquêteurs, paroissienne impliquée dans la vie de l’église lorsqu’Olivier de Scitivaux était prêtre à Saint-Paterne. Des alertes parvenues à l’évêché, il y en a eu dès 1997, notamment après des séjours en camps de vacances à Perros-Guirec en Bretagne ou lors de pèlerinages à Rome.
Les courriers évoquent des « blagues graveleuses », des « jeux inappropriés » mais aussi clairement « des agissements pédophiles », avec pour seule réaction un « recadrage » du prêtre et sa mutation dans la paroisse Orléans-Nord en 2000 (Saint-Jean-de-la-Ruelle, La Chapelle-Saint-Mesmin, Ingré…).
« Il jouait à touche-touche avec les garçons », « on parlait de chahut mais des chahuts en tripotant », confie Marie-Paule, responsable de l’aumônerie à l’époque, qui regrette que ses alertes n’aient pas été entendues par l’évêque de l’époque, Gérard Daucourt.
« Ordre m’avait été donné de me taire », ajoute la retraitée, « on me reprochait de ne pas avoir des faits précis mais ce que j’avais aujourd’hui s’appelle des signaux faibles ».
Bousculé par les avocats des plaignants, Mgr Daucourt, désormais évêque de Nanterre, dit avoir « cru à la dénégation » d’Olivier de Scitivaux de Greische et considéré « qu’il n’y avait rien de grave ».
« Je n’avais ni plainte ni preuve », se défend-il.
Son successeur, Mgr Jacques Blaquart, destinataire dès 2012 d’une lettre faisant état de possibles « agissements » pédocriminels dans son diocèse, n’a lui saisi la justice qu’en 2018.
Un jour, le père des trois frères découvre des photos pédopornographiques sur l’ordinateur d’Olivier de Scitivaux. « Il a été tellement surpris, il a fermé l’ordinateur tout de suite, et lui a dit de tout supprimer tout de suite. » Rien de plus. Une autre fois, le vicaire général du diocèse demande aux parents de ne plus loger Pierre chez le prêtre, « parce qu’il était mineur ». Ce que l’ancien vicaire, Nicolas Souchu, a nié ce mardi devant le tribunal. « On lui a demandé s’il y avait un problème avec Scitivaux, il a répondu que non. » Le diocèse avait, pourtant, reçu plusieurs signalements de familles depuis 1997.
— France3
Informations complémentaires
Père Olivier de Scitivaux
- 1989 : Ordonné prêtre 🡵
- 1997 : Dénonciations par la voix des mères de famille, notamment après des séjours en camps de vacances à Perros-Guirec en Bretagne ou lors de pèlerinages à Rome 🡵🡵. Une responsable d’aumônerie d’Orléans, reçoit de premières alertes de parents sur le comportement du père Olivier de Scitivaux. Elle transmet à sa hiérarchie. Le vicaire général, François Maupu, lui demande d’aller prévenir le prêtre que des familles se plaignent de son comportement. Olivier de Scitivaux est finalement déplacé, mais toujours au contact de jeunes. « J’ai été très étonnée. Il m’a été dit que ce n’était plus mon affaire, et que je devais me taire », raconte Marie-Paule. Pendant quinze ans, elle continue à alerter les nouveaux évêques arrivants, et chaque vicaire général, dont Nicolas Souchu. Mais aussi Jean-Marc Eychenne, aujourd’hui évêque de Grenoble, et vicaire général du diocèse d’Orléans de 2009 à 2014. « Il est à l’écoute, c’est vrai, mais ne fait rien » 🡵. Mgr Daucourt, dit avoir « cru à la dénégation » d’Olivier de Scitivaux 🡵.
- 2000 : Suite à des « des agissements pédophiles », Olivier de Scitivaux a droit à un « recadrage » et il est muté à la paroisse Orléans-Nord 🡵.
- 2007 : Une religieuse rencontre Nicolas Souchu (alors vicaire général) dans le cadre d’un projet de pèlerinage à Rome avec des collégiens, auquel Olivier De Scitivaux doit participer. Et le vicaire général lui confirme que des lettres étaient déjà parvenues à l’évêché et qu’une enquête avait été menée 🡵.
- 2012 : Jacques Blaquart reçoit un courrier évoquant « les agissements pédophiles » d’Olivier De Scitivaux. « Je l’ai convoqué, il m’a dit qu’il ne s’était rien passé, je lui ai dit de faire attention. » 🡵. La soeur qui avait alerté en 2007 renouvelle son alerte 🡵 (peut-être est-ce le courrier ? ou une autre alerte ?). Il y avait une forme de « sidération » et la « chape de silence » qui prévalait alors dans l’Église selon Mgr Jacques Blaquart 🡵.
- 2013 : Mgr Jacques Blaquart décide de déplacer Olivier De Scitivaux à la basilique de Cléry-St-André, avec l’interdiction d’être seul avec des enfants 🡵. Jacques Blaquart avait-il le pouvoir de faire respecter cette mesure ? « Je n’en ai pas beaucoup, l’évêque n’est pas un général. » 🡵.
- 2017 : La cellule d’écoute du diocèse reçoit un témoignage. L’évêque signale les faits à la procureure, mais rien n’en ressort 🡵.
- Mars 2018 : La cellule d’écoute du diocèse reçoit l’appel d’un homme disant avoir subi un viol de la part d’Olivier De Scitivaux dans les années 80. Mgr Jacques Blaquart saisit le procureur une seconde fois 🡵. L’enquête démarre ;elle permettra d’identifier quatre victimes présumées et deux autres pour lesquelles les faits sont prescrits 🡵. Le diocèse d’Orléans a su pendant 20 ans avant de signaler les faits de pédocriminalité 🡵.
- Juillet 2018 : Olivier de Scitivaux est mis en examen et incarcéré pendant 10 mois (détention provisoire entre juillet 2018 et mai 2019) 🡵.
- Mars 2021 : Retour à l’état laïc à la demande d’Olivier de Scitivaux 🡵.
Le procès de 2024
Olivier de Scitivaux est reconnu coupable de viols et d’agressions sexuelles et condamné à 17 ans de réclusion criminelle (période de sûreté de 10 ans 🡵) après avoir été accusé de viols et/ou d’agressions sexuelles sur mineur, de 1990 à 2002 sur quatre jeunes garçons, dont trois frères, dès l’âge de 8-10 ans 🡵. Pour un quatrième, la justice a relevé la prescription des faits 🡵. Des victimes, « il y en a plein d’autres », assure une des victimes 🡵.
Mgr Jacques Blaquart : « je n’ai pas fait assez et j’aurais pu mieux faire. Je demande pardon aux victimes d’avoir tardé à réagir. » 🡵.
François Maupu, vicaire général (c’est-à-dire numéro deux du diocèse) entre 1989 et 1997, a expliqué ne pas se souvenir des alertes, tout comme son successeur à cette fonction, Nicolas Souchu (entre 2000 et 2008, et aujourd’hui évêque d’Aire-et-Dax) 🡵.
Une autre fois, le vicaire général du diocèse demande aux parents de ne plus loger Pierre chez le prêtre, « parce qu’il était mineur ». Ce que l’ancien vicaire, Nicolas Souchu, a nié ce mardi devant le tribunal 🡵.
La repentance d’Olivier de Scitivaux lors du procès : « Ce qui va m’arriver, ce n’est pas grave, a déclaré Olivier De Scitivaux à l’ouverture des débats. L’important, c’est de savoir comment les victimes vont pouvoir repartir dans la vie. » 🡵. A la question du président de la cour d’assises : « Y-a-t-il eu d’autres victimes ? » Olivier De Scitivaux a répondu : « Non ».
Olivier De Scitivaux fait appel
- Mai 2024 : Olivier De Scitivaux a décidé de faire appel du verdict rendu par la cour d’assises du Loiret le samedi 25 mai, contrairement à ce qu’il avait laissé entendre en début d’audience lors du procès (« Je m’abandonne à votre décision, ce qui va m’arriver n’est pas grave » avait-il déclaré à l’ouverture des débats) 🡵.
- Juin 2024 : une septième victime présumée sort du silence : « son mea culpa n’est ni complet ni sincère car j’ai moi aussi été victime de ses agissements » 🡵.
- Août 2024 : Olivier de Scitivaux a saisi la chambre de l’instruction d’une demande de remise en liberté, en attendant son procès en appel. La chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Orléans a rejeté sa demande.
Liste des évêques d’Orléans qui ont eu la responsabilité d’Olivier De Scitivaux
- 1981-1997 : Mgr René-Lucien Picandet
- 1998-2002 : Mgr Gérard Daucourt
- 2002-2010 : Mgr André Fort, par ailleurs condamné en 2018 pour non-dénonciation d’actes pédophiles commis par le père Pierre de Castelet 🡵.
- Depuis 2010 : Mgr Blaquart (qui avec son vicaire général, Mgr JM Eychenne, a laissé Pierre de Castelet participer à une conférence sur la pédophilie à Orléans en 2011… alors qu’il était lui-même accusé)