Sœurs de Pontcallec : une commission indépendante pour enquêter sur des dérives

Est nommé en 2011 à Pontcallec, un nouvel aumônier, de la Fraternité Saint-Pierre, le père François Cadiet. Très vite, la supérieure locale de l’époque, mère Marie de la Trinité, et la maîtresse des novices lui confient trois sœurs dont deux en formation, qui leur semblaient « bloquées ou ralenties dans leur progression spirituelle », pour les faire exorciser. En parallèle, le père Cadiet, lisant les écrits de l’abbé Berto, se dit bientôt convaincu que le fondateur de l’institut aurait appartenu à une société secrète et eu des pratiques ésotériques. Conviction que la gouvernance va diffuser dans toute la communauté.

Dans ce contexte, les exorcismes virent au cauchemar pour les sœurs. « Si, au départ, ils étaient pratiqués en vue de ma libération spirituelle, cela a très vite dévié. Ils cherchaient à obtenir des informations sur l’abbé Berto dont ils étaient convaincus qu’il avait fait un pacte avec le démon. J’étais censée laisser le diable parler à travers moi mais comme je n’avais rien à dire, ils m’accusaient de retenir le démon et d’empêcher ainsi l’institut d’avancer », témoigne l’une d’elles, qui raconte avoir subi ces pratiques chaque semaine pendant un an et demi. « Cela durait deux ou trois heures et j’étais tellement vidée qu’il me fallait trois jours pour m’en remettre. Et cela recommençait la semaine suivante », poursuit celle qui a porté plainte devant le tribunal civil de Lorient pour « actes de torture et barbarie ». Deux sœurs ont par ailleurs dénoncé de nombreuses agressions sexuelles qu’elles auraient subies par une sœur en responsabilité à l’époque.

La Croix