Père Benoît Moulay : autopsie d'un naufrage

Autopsie d’un naufrage

Ayant eu accès à certains éléments de la chronologie du dossier de « Marie » (cf. ), ici désignée par « Mme Z », @AgirNotreEglise propose cet arbre des causes :

La démarche d’un arbre des causes s’inspire de ce qui se fait en accidentologie : la vue synthétique du schéma permet d’appréhender certains aspects systémiques d’une affaire, qui ont concouru au désastre, et que l’on retrouve bien souvent ailleurs.

Les noms exacts des personnes et des lieux importent peu ici, ce que l’on souhaite analyser c’est combien aux multiples alertes et signalements d’abus sur 20 ans ont été opposées inertie de la structure et dilution des responsabilités.

Le conflit d’intérêt est permanent autour de B. membre de la Communauté en service dans des paroisses de divers diocèses, il se retrouve très rapidement sous Mgr S, à la fois évêque et membre de la Communauté, où il a été chargé du suivi des prêtres, donc juge et partie pour B.

À diverses étapes du parcours de B., on note l’absence de communication entre diocèses et Communauté (alors que certains acteurs sont présents des deux côtés), jusqu’à une concertation, tardive, entre les 2 diocèses et la communauté (2021).

Le cloisonnement de l’information c’est aussi la non-publicité des mesures prises contre B., dont les parties n’ont connaissance que par des canaux officieux, internes à la communauté. Une mesure non-publique est nulle en pratique, si personne ne peut en vérifier l’application.

Dès le début du parcours de B., c’est la Communauté qui a fait pression pour passer outre les avis unanimement négatifs des lieux de formation de B. quant à son ordination, sans recours possible. ()

https://twitter.com/ntrouiller/status/1746824026540888565

Une autre dimension importante est la gestion RH hésitante dès lors que B. est mis à pied : on l’éloigne à P. où la supervision fait défaut malgré les mesures, ou bien à W., puis on le rappelle à chaque fois en paroisse et on le déplace dans une autre, malgré les alertes.

Enfin, non-maîtrise inquiétante de la procédure canonique : les parties ne sont pas informées des options et de la marche à suivre, elles doivent insister pour relancer les choses, leurs témoins ne sont pas auditionnés, on utilise de moyens de pression (enregistrement clandestin)

Ce relatif amateurisme se dispense de surcroît de la plus élémentaire politesse ou considération envers les victimes : pas de prise de nouvelles, ni de vérification qu’elles sont bien accompagnées, sur les plans psychologique, judiciaire, et spirituel.

D’autres éléments ne figurent pas dans cet arbre des causes, mais pourraient l’éclairer : le fait que la Communauté n’ait pas ouvert ses archives à la Ciase et qu’elle ne participe pas aux instances d’écoute et de réparation nationales, comme si elle était en-dehors de tout cela.

Ces remarques sur ce dossier rappellent avec acuité certains points soulignés par le rapport de la Ciase, notamment dans ses recommandations 1, 16, 36, et 41 :

https://agirpournotreeglise.fr/comprendre/recommandations/

Malheureusement, les communautés sont souvent en-deçà des attentes dans leur gestion des plaintes pour abus commis en leur sein, comme nous le relevions dans ce florilège de communiqués :

https://twitter.com/agirnotreeglise/status/1748405705248248204

Conclusion : mauvaises pratiques bien identifiées, il est terrible que les derniers développements de ce dossier, dans les années 2021-2023, se soient produits post-Ciase alors que les points d’attention dans la gestion des affaires étaient supposément connus de tous.

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