Le médiatique prêtre Luc de Bellescize soupçonné d'agression sexuelle

« Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris en raison de soupçon d'agression sexuelle d'une jeune femme. »

Voici ce que le père Luc de Bellescize écrivait le 28 janvier 2024 pour Famille Chrétienne 🡵.

Père Luc de Bellescize : Le crime a changé de camp

Cette chronique appelle à la prudence dans l'évaluation des fautes et le rapport à la culpabilité des hommes de Dieu. Devenir prêtre nécessite du courage, conclut-elle.

Je me souviens d'une conversation pénible avec un évêque, en rien représentatif de ses frères qui assument leur lourde charge avec courage et discernement. D'une implacable vertu, il revendiquait la « tolérance zéro » pour ses prêtres – ce qui est absolument nécessaire concernant les crimes, en particulier les abus envers des personnes mineures ou fragiles –, mais n'avait aucune mesure dans son jugement sur la faiblesse des hommes dont il était pourtant le « père ». N'avait-il jamais commis la moindre faute, même en pensée ou dans son regard ?

Ils ont les mains propres mais ils n'ont pas de mains…

J'avoue humblement que j'ai toujours mendié la chasteté, et que, comme le disait Goethe, et avant lui saint François, « il n'y a pas de crime au monde dont je ne m'estime capable ». Je connais des vies sacerdotales brisées pour finalement peu de chose. La moindre chute d'ordre affectif ou sexuel risque d'enfermer les consacrés dans une culpabilité mortifère totalement disproportionnée. Elle a conduit plusieurs jeunes prêtres au suicide ces dernières années, alors que des pasteurs doctrinalement déviants, paresseux ou misanthropes, qui ne risquent jamais la moindre faute – vu qu'ils n'aiment personne, se protègent sans cesse et ont le charisme d'une endive à la vapeur –, traversent très tranquillement l'existence. Ils ont les mains propres mais ils n'ont pas de mains… L'hérésie, qui faisait horreur à nos pères, nous laisse souvent d'une indifférence de marbre. L'héritage de saint Jean-Paul II, déployé par l'exceptionnelle envergure de Benoît XVI, est méprisé par nombre de théologiens et de prélats en vue, mais l'Histoire gardera le trésor de leur sagesse. Tout passe, seule demeure la charité des saints, et veiller à l'enseignement juste de la doctrine est bien une forme de charité. Hélas ! Le crime a changé de camp. Le relativisme est devenu vertu, et le seul péché impardonnable – uniquement pour les consacrés, les autres étant seulement « en situation irrégulière » – est la chute morale.

Nous devons retrouver l'équilibre du jugement

Si souvent, par peur du monde et de la condamnation des hommes, nous filtrons le moustique et nous avalons le chameau. Nous devons impérativement retrouver l'équilibre du jugement, et la prudence dans l'évaluation des fautes, sinon les séminaires poursuivront leur effondrement, en partie parce que l'Église donne l'impression d'un bateau ivre qui défait ce qui a été fait, brûle ce qu'elle a adoré et adore ce qu'elle a brûlé. Mais aussi parce que les jeunes ont peur d'un fardeau écrasant s'ils deviennent prêtres, et craignent de subir un jugement implacable s'ils éprouvent la moindre difficulté. Il faut beaucoup de courage aujourd'hui pour devenir prêtre, et beaucoup de combats pour devenir un saint prêtre.

— Famille Chrétienne