Bienvenue au monastère - Episode 6 : Un fonctionnement sectaire

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Dans ce dernier épisode de #BienvenueAuMonastere l'asymétrie de type parent/enfant, amplifiée tout au long des épisodes, trouve son paroxysme :

  1. Elle est exprimée par les retraitants : Delphine dit avoir l'impression d'être des enfants face aux pères et aux frères qui seraient les adultes.
  2. Les interventions des participants lors du dîner festif ont quelque chose d'enfantin et fr. Baudouin commente les présentations dans un positionnement paternant  : " c'était parfait. "
  3. Il s'y ajoute cette impression de voir un groupe d'ados pris en flagrant délit de fraude et ramenés à l'ordre lorsque fr. Baudouin en prenant une attitude corporelle surplombante, interpelle les participants en train d'échanger.
  4. Les bons élèves sont récompensés à la fin : Jean-Marc est félicité car il a respecté le mieux la règle et le meilleur élève, Simon, reçoit un cadeau. Or, la vraie vie spirituelle n'est pas une question de perfection ou de réussite, mais de relation avec Dieu et les autres.

Ce positionnement rend les participants dépendants des accompagnateurs et diminue leur autonomie. Ainsi, les participants ne sont même pas informés de l'heure à partir de laquelle ils ont le droit de parler de nouveau…

Dans ce sens, il est inquiétant qu'à la fin de la « retraite », plusieurs participants expriment leur peur de retourner à leur vie normale, certains évoquent même l'idée de devenir frères et sœurs. « On ne veut plus partir. Gardez-nous avec vous » dit Delphine. Après l'expérience de la retraite, certains participants relatent en effet des soucis lors du retour dans leur vie quotidienne. Clara parle d'un mois de difficultés. Imaginez la difficulté des frères et sœurs qui doivent quittent la communauté après plus de 20 ans pour certains.

II s'agit parfois de victimes d'abus, poussées dehors pour avoir osé dénoncer les crimes et le système, et qui se débattent avec à peine les moyens pour vivre décemment, tandis que les auteurs peuvent rester bien au chaud en vivant à Corbara par exemple. Au lieu de préparer les candidats à mieux affronter leur vie, cette retraite les a rendus dépendants du cadre de cette « retraite ». Pourtant, Dieu, Lui, peut aussi être présent dans une vie quotidienne pleine d'activités et non pas seulement dans ce pseudo monastère.

Mais n'est-ce pas rassurant pour cette communauté ? Les participants ont désormais besoin d'elle pour entrer en lien avec Dieu ! En effet, Fabienne appelle fr. Baudouin et s. Catherine « les messagers de Dieu ». Et pour confirmer ce rôle fr. Baudoin transmet un message directement " reçu du Ciel " : " Dieu est fier de vous et il vous aime « . A St-Jean les portes parole directs du Ciel, ce sont les supérieurs en raison de leur « grâce d'état ».

Fr. Baudouin souligne qu'il est important d'aller jusqu'au bout, de " rester fidèle " dans le jargon de la communauté. Sont alors vus comme « infidèles » tous ceux qui se sentent obligés de partir pour ne pas être complices d'un système destructeur d'eux-mêmes et des autres. Mais certains ne partent-ils pas pour rester « fidèles » ? En effet, devoir renoncer au jugement de sa conscience afin de ne pas être lâche envers le groupe, n'est-ce pas un fonctionnement sectaire ?

A un autre moment, fr. Baudouin, reprend les participants qui rigolent pendant son intervention en disant : " Est-ce que vous auriez la bonté de vous taire « . Ici le fait de parler est considéré comme un mal moral. Jugement très dur, surtout que la qualification des actes n'est pas le point fort de St-Jean. En effet, les délits et crimes commis par certains membres, sont souvent qualifiés de « gestes maladroits » par les responsables, échappant ainsi à tout jugement moral et surtout juridique

" Quand vous êtes arrivés, vous étiez pas encore ouverts et puis là, vous repartez, vous êtes tellement ouverts, tellement rayonnants. » leur dit s. Catherine. Et cette fois-ci les participants sont fortement incités à donner leur assentiment à cette relecture qu'on leur impose.

Lors de cette cérémonie de clôture, la parole est donnée à chacun des participants. Le meilleur élève a le droit de commencer pour montrer le chemin. A chacun est alors posée en public cette question bien intrusive : " Est-ce que tu as découvert Dieu pendant la retraite ? " Plusieurs participants sont visiblement mal à l'aise et essaient de s'en sortir avec des entourloupes : " Dieu était déjà en moi » dit par exemple Fabienne et Paul demande qu'on ne lui pose pas la question.

Le but de cette séance est difficile à comprendre : s'agit-il de montrer aux téléspectateurs qu'il s'agit bien d'un œuvre d'évangélisation, de sauver des âmes ? Ne s'agit-il pas plutôt d'une sorte de « prise en otage » des participants, et des téléspectateurs ?

Affirmer que « ce n'est pas QUE un paradis ici CAR nous sommes aussi face à nous-même, au cambouis de notre vie intérieure », ça insinue que tout dysfonctionnement ne peut provenir que de l'intérieur de soi tandis que le groupe est parfait. Et en effet, tout est scénarisé de telle sorte que la vie chez les frères à Corbara semble assez joyeuse, fraternelle, festive, etc. Les frères sont supers et cool, ils acceptent même de danser autour de la table dans leur réfectoire et ils font de la plongée sous-marine…

La charité et la prière montrent une belle apparence mais cette façade peut masquer les dysfonctionnements les plus graves : Et c'est encore cette façade qui fait le succès des communautés Maria Stella Matutina et Verbum Spei. Ce sont des excroissances fondamentalistes de la communauté St-Jean où la doctrine de Marie-Dominique Philippe continue d'être enseignée et pratiquée, ils accueillent de nombreuses vocations et de plus, ils hébergent des frères et sœurs condamnés et exclus de Saint-Jean. Or, des évêques et des hauts responsables d'Église se laissent prendre par la belle apparence. Alors qu'ils sont informés des dysfonctionnements, comment se fait-il qu'ils n'agissent pas pour autant ? Ainsi, ils bénissent la destruction des personnes au lieu de les protéger.

" A très bientôt ! " s'exclame Alessandra Martines à la fin de ce dernier épisode.
Nous ne l'espérons pas et nous comptons sur @Eglisecatho pour se prononcer contre une saison 2…

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