Pardon et justice de Dieu, dans l'ombre des abus en Église

Les Recherches de Science Religieuse, fidèles à leur dimension de recherche, ont choisi d’interroger comment ce couple de justice et de pardon pouvait être éclairé théologiquement alors que les abus dans l’Église et leur traitement, même récent, en obscurcissent la portée.

Ni la tradition théologique, ni les Écritures, ni la raison ne pouvaient justifier que face à des crimes et des délits aussi graves, il puisse être question de ne pas faire justice, et moins encore d’imposer le silence aux victimes en exigeant d’elles qu’elles renoncent à ce qui constitue l’espérance même des croyants, la justice de Dieu.

Là encore, la concomitance de la chronologie est évocatrice. 2002, accession de Philippe Barbarin au siège épiscopal lyonnais qui, au début des années 2010, nomme Preynat doyen, alors que trois ans auparavant ce dernier avait reconnu devant son cardinal les faits qui lui étaient reprochés.

Le cas d’Anatrella montre également, ô combien, l’inefficacité de bien des mesures canoniques appelant « au retrait », à « une vie de pénitence » pour toute sanction.

Ajoutons d’ailleurs qu’en appeler au caractère systémique des agressions ecclésiales permet de ne pas faire porter sur un seul l’explication d’un phénomène de grande ampleur. En ce sens, la démarche relève de la miséricorde et de la justice. Il est trop simple, et cruel, de désigner le coupable comme un mouton noir, en criant « haro » sur le pédocriminel. La notion de systémique a le mérite d’engager sur la voie d’une explication dont les conclusions rejoignent les aspirations de l’Évangile. Elle permet en effet de maintenir l’imputation juridique d’un acte à son auteur tout en mettant en lumière les dimensions collectives qui permettent sa commission et sa répétition.