Savez-vous s'il a les qualités requises ?
Dans le rituel de l’ordination, avant d’ordonner le séminariste, on pose la question « Savez-vous s’il a les qualités requises ? » Ce à quoi il est répondu « Le Peuple de Dieu ayant été consulté, ceux à qui il appartient d’en juger ont donné leur avis. Aussi j’atteste qu’il a été jugé digne d’être ordonné. » Le cas du Père M. présenté dans le fil de @ntrouiller montre que ce dialogue repose bien souvent sur une fiction, quand un supérieur peut décider de passer outre un vote unanimement négatif du séminaire de formation du candidat. Cela pose, encore une fois, la question de la prise de décision dans l’Église, et celle de la transparence, ou de l’auditabilité des décisions. Ici, c’est totalement opaque, n’apparaît que la décision du supérieur, en forme d’oukase. Dans le cas précis de l’appel aux ordres il ne s’agit bien sûr pas de mettre sur la place publique un rapport de séminaire sur un candidat. Non. Mais : quels recours les formateurs auraient-ils eu pour s’opposer à l’ordination de celui qu’ils jugeaient unaniment inapte, au vu de ses états de service dans ses lieux d’insertion pastorale et de son attitude au séminaire ? Aucun recours. Rien n’est prévu. Ce défaut de mécanisme de « contre-pouvoir » se retrouve dans de multiples aspects de la vie de l’Église. Et c’est un problème. Sans vouloir transformer intégralement l’Église en démocratie participative (ce qu’elle ne saurait être,pour plein de bonnes raisons, théologiques comme sociologiques), le fait que la requête en transparence et reddition de compte des « gouvernants » à leurs « administrés » soit complètement la norme dans les sociétés contemporaines, ce seul fait devrait interroger l’Église, comme un « signe des temps » le ferait. (Et le cas présenté par @ntrouiller est épouvantable, et dit bien des choses du « problème systémique », que je n’ai pas traitées ici.)