Violences sexuelles dans l'Église : Hervé Gosselin, l'évêque qui prêche le silence

L’évêque d’Angoulême a fermé les yeux pendant des années sur des agressions sexuelles au sein d’une communauté qu’il dirigeait en Bretagne, selon les témoignages et documents rassemblés par Mediapart. Ces éléments montrent aussi que le religieux continue d’exercer des pressions sur les victimes et les lanceuses d’alerte. Hervé Gosselin dément et affirme que « travailler à l’apaisement des victimes » est sa « priorité ».

Une longue enquête, publiée jeudi 15 juin par Mediapart, rapporte le témoignage de plusieurs femmes ayant subi des violences sexuelles et psychologiques au sein du Foyer de charité de Tressaint, près de Dinan. Elles accusent Mgr Hervé Gosselin, ancien responsable du foyer et actuel évêque d’Angoulême, d’avoir tenté de couvrir les faits.

« L’évêque a aussi écrit une lettre à son ancienne communauté, un temps placardée dans la salle à manger du foyer de Tressaint, pour dire son désaccord avec la diffusion du communiqué de presse appelant les victimes à se faire connaître… »

« Il est vrai que je considérais à l’époque que ce communiqué n’était pas le bon moyen puisque le mis en cause était décédé », admet l’évêque auprès de Mediapart. Avant de se déclarer, « à la réflexion », « favorable à l’appel aux victimes. L’attitude d’Hervé Gosselin face aux agressions sexuelles perpétrées à Tressaint a fait l’objet de plusieurs signalements, selon des docs consultés par Mediapart. Aux autorités religieuses en France (CEF, Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église…) mais aussi à Rome. Dans un courrier de 2021, le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, confie être « très inquiet » des signalements reçus au sujet de l’évêque d’Angoulême, qui se « corroborent ». Celles qui trouvent le courage de quitter le foyer se retrouvent dans une situation de grande précarité financière. Elles se voient ainsi contraintes de signer des protocoles d’accord comportant une clause de confidentialité leur imposant de « ne rien faire qui puisse nuire aux Foyers de Charité […], à leurs membres représentants actuels et futurs, ni porter atteinte à leur image ou leur crédibilité ». Comme témoigner publiquement de ce qu’elles y ont subi… Ces clauses de confidentialité sont décriées par la Case (Commission indépendante sur les abus dans l’Église), qui y voit un outil de silenciation des victimes. »