- [Semaine du 6 au 12 janvier 2025]
Le père Henri Suso
Informations complémentaires
Pères Dominique Savio et Henri Suso
Remarque
- Le père Dominique Savio se fait également appeler Martin de Tours ou parfois Martin Silva. Son nom civil est Georges Silva.
- Le père Henri Suso se fait également appeler Père Marie-Bernard d’Alès, en référence à son nom civil : Bernard d’Alès.
Entre 1988 et 2007, la Communauté des Béatitudes est responsable d’un internat de garçons appelé le Cours Agnès-de-Langeac. Situé à Autrey, dans les Vosges, cet établissement est destiné à des collégiens et lycéens qui réfléchissaient à devenir prêtre. Au moins 10 anciens élèves du Cours Agnès-de-Langeac auraient subi des actes susceptibles d’être qualifiés d’atteintes ou d’agressions sexuelles, de viol ou de tentative de viol commis par deux prêtres de l’internat, les pères Dominique Savio et Henri Suso 🡵.
- 2001 Le père Dominique Savio quitte la France pour reprendre des études de théologie à Lugano, en Suisse.
- 2002 Le parquet d’Épinal ouvre une information judiciaire pour des faits d’« agression sexuelle par personne ayant autorité » sur d’anciens élèves d’Autrey à l’encontre de Dominique Savio. Les charges sont finalement abandonnées.
- 2008 Le parquet d’Épinal rouvre l’enquête concernant le père Dominique Savio. Entre 2008 et 2010, 71 procès-verbaux sont dressés par les enquêteurs de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP).
- 2009 Le père Henri Suso quitte la Communauté des Béatitudes et il est accueilli dans le diocèse de Fréjus-Toulon 🡵.
- 2010 Dominique Savio est placé en garde à vue par les enquêteurs de l’OCRVP. « L’attitude de Georges Silva (nom civil de Dominique Savio, NDLR) lors de sa garde à vue ne nous permet pas d’écarter la possible existence d’autres victimes, écrit le policier en charge de l’enquête dans ses conclusions. En effet, notre interlocuteur n’a, à aucun moment, fait de déclarations spontanées, se contentant de nier tout en bloc avant de reconnaître peu à peu et exclusivement les faits que nous présentions et en essayant, à chaque fois, d’atténuer au maximum la gravité de ses actes. » Cependant, le parquet d’Épinal décide de classer sans suite les faits portés à sa connaissance pour prescription pour certains faits et infraction insuffisamment caractérisée pour d’autres.
- 2011 Un ancien élève de l’internat d’Autrey contacte le Commissaire pontifical de la Communauté pour l’informer qu’il allait déposer une plainte contre le père Marie-Bernard d’Alès [autre nom de Henri Suso] auprès du tribunal ecclésiastique du diocèse de Fréjus-Toulon. Le Fr. Henry Donneaud exhorte alors le jeune à porter plainte devant la justice civile, ce que ce dernier refuse 🡵. Le témoignage est également envoyé à Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon où le père Henri Suso est accueilli depuis 2009 🡵.
- 2012 Henri Suso « a été reconnu coupable du délit d’abus sexuel continu sans violence sur la personne de [Florent] dans le cadre d’un procès pénal canonique en date du 2 octobre 2012 et, à ce titre, des mesures conservatoires lui ont été notifiées » : obligation d’un suivi psychologique et psychiatrique pendant cinq ans, et interdction de s’approcher de jeunes de moins de 25 ans, de l’un et l’autre sexe, pendant dix ans. Les sanctions canoniques ne sont jamais rendues publiques.
- 2015 Dominique Savio est élu assistant général – c’est-à-dire numéro deux – de la communauté des Béatitudes, qui vient de se réformer. En 2019, il est reconduit dans ses fonctions.
- 2016 Henri Suso est nommé aumônier du centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède, qui compte de nombreux détenus de moins de 25 ans, le 4 janvier 2016, c’est-à-dire quatre ans seulement après sa condamnation… donc en contradiction avec celle-ci. Mais comme la sanction n’est pas publique, ni l’administration pénitentiaire, ni les victimes ne viendront se plaindre.
- 2022 Les faits sont portés pour la première fois à la connaissance de la justice civile, avec un signalement effectué par le diocèse auprès du procureur au mois de février 🡵.
- 2023 « À la suite de l’article de Mikael Corre publié dans La Croix L’Hebdo en janvier 2023, mettant en cause plusieurs prêtres pour des faits commis au Cours Agnès de Langeac d’Autrey, une enquête préliminaire canonique avait été ouverte par l’Archevêque de Toulouse » 🡵 🡵. L’enquête concernant plusieurs diocèses, elle est confiée au TPCN 🡵.
- 2023 Le père Dominique Savio, numéro deux de la communauté des Béatitudes, est déchargé de ses responsabilités 🡵. Une décision qui fait suite à l’article de Mikael Corre, publié dans La Croix le 12/01/2023 🡵.
La majorité des informations de cette section provient d’un article de Mikael Corre, publié dans La Croix le 12/01/2023.
Un des enseignements de ce dossier est que le silence entretenu collectivement contribue à maintenir les personnes victimes sous emprise. Dans cette enquête [celle de Mikael Corre], notre journaliste a eu l’occasion d’échanger avec des responsables ecclésiaux qui, pourtant alertés, ont préféré ne pas poser trop de questions, se montrant étonnamment peu curieux, pressés de mettre fin à la conversation. Mais il a rencontré aussi beaucoup d’autres sources qui, de l’intérieur de l’Église, ont fait de la lutte contre les abus un combat implacable.