L'Eau vive
- [Semaine du 27 janvier au 2 février 2025]
Inefficaces et dommageables, les lenteurs de la justice ecclésiale
Informations complémentaires
L'Eau vive
- https://www.la-croix.com/Religion/affaire-jean-vanier-freres-philippe-secte-eglise-abus-sexuels-arche-enquete-2023-01-30-1201252932
- https://www.rcf.fr/articles/actualite/questce-que-les-toutpetits-la-secte-dont-faisait-partie-jean-vanier
- https://www.cath.ch/newsf/rapports-siderants-sur-jean-vanier-et-les-freres-philippe/
- https://www.la-croix.com/Religion/Enquete-freres-Philippe-annees-dabus-toute-impunite-2021-02-22-1201141952
Le rapport d'enquête de janvier 2023 commandé par L'Arche qualifie le groupe de l'Eau vive de « secte cachée au sein d'une institution située au cœur de l'Église » 🡵.
La fondation
- 1946 Le père Thomas Philippe crée l'Eau vive, un centre de formation international à Soisy-sur-Seine (France) 🡵.
- 1950 Après avoir quitté la marine, Jean Vanier arrive à l'Eau vive. Le père Thomas Philippe devient son père spirituel 🡵.
La mystique d'Hélène Claeys
Le père Thomas aurait lui-même été initié, dès la période de l'avant-guerre, par un autre personnage clé mais discret de cette affaire, Hélène Claeys-Bouuaert (1888-1959), une « mystique » flamande accompagnée spirituellement depuis sa prime jeunesse par le père Dehau et qui se présentait comme l'interprète des volontés de Dieu pour l'ordre dominicain. Celle-ci avait notamment dit que « près du Saulchoir, une œuvre de Dieu surgirait qui serait plus importante que celle de Catherine de Sienne »… 🡵
C'est donc le père Thomas Philippe qui importe à l'Eau vive la gnose érotico-mystique d'Hélène Claeys, que son oncle lui a fait connaître.
Thomas Philippe et Jean Vanier, avec Jacqueline D'Halluin et Anne de Rosanbo, formaient à eux quatre le noyau dur d'un groupe d'ordre sectaire, aux pratiques « mystico-sexuelles » 🡵.
Les archives vaticanes décrivent des faits particulièrement sordides. Notamment qu'Anne de Rosanbo, une membre du cercle étroit autour de Thomas Philippe, tombée enceinte, avait avorté en 1947. L'avortement s'était vu attribuer un « sens » mystique, toutes les initiées étant « conviées à vénérer l'enfant mort comme quelque chose de sacré, en raison du secret de la T.S. Vierge » 🡵.
Le Vatican identifie cinq couvents impliqués et une trentaine d’« initiées ». Au départ, plusieurs scènes collectives ont eu lieu mais, par la suite, c'est au sein d'accompagnements individuels que se vivent ces « prières » où Thomas Philippe va jusqu'à demander à l'initiée de boire son sperme en lui disant « de boire ainsi au Cœur de Notre Seigneur » 🡵.
« Une religieuse, abusée au début des années 1950, témoigne qu'il arguait que les caresses ont pour fonction de transsubstantier son corps de femme en celui de Marie, assimilant ainsi ces échanges sexuels à un sacrement », indique le rapport de L'Arche. « Nous vivions déjà, avec le père et entre nous, ce que nous vivrons dans la cité céleste : l'union charnelle de Jésus et de Marie sera au centre de la cité céleste, à la place de la Croix », a témoigné une autre initiée en 1956 🡵.
Condamnations et fermeture
- 1951 Des plaintes émanant de deux femmes que le père père Thomas Philippe accompagne spirituellement, une laïque et une novice, parviennent à ses supérieurs 🡵.
- 1952
- En avril 1952, après deux témoignages de femmes mettant en cause le père Thomas Philippe pour les avoir abusées sexuellement, ce dernier doit quitter l'Eau vive. L'enquête est confiée au Saint-Office (le tribunal de l'Église catholique au Vatican). Le père Thomas Philippe nomme Jean Vanier à la direction de L'Eau Vive pour le remplacer 🡵.
- En juin 1952, Jean Vanier est initié aux pratiques sexuelles du groupe. Une expérience qu'il qualifiera de « fondatrice pour lui », « à l'origine de sa vocation, de son choix de vie » 🡵.
- 1956 Les sanctions
- Thomas Philippe est privé du droit d'exercer son ministère et de délivrer les sacrements 🡵.
- Mère Cécile, alors prieure du couvent dominicain de Bouvines est elle aussi sanctionnée, et lourdement, pour avoir poussé des moniales dans les bras de son frère, avoir elle-même eu des rapports homosexuels avec plusieurs d'entre elles ainsi que des rapports incestueux avec son frère Thomas 🡵. Elle est débarquée de sa charge et déplacée au couvent de Langeac où elle finira ses jours sous un nouveau nom de religion (sœur Marie de Nazareth).
- Thomas Dehau reçoit, compte tenu de son grand âge et de son état de santé, une simple monition canonique.
- Le père Marie-Dominique Philippe, « jugé gravement complice des agissements de son frère », est condamné en 1957 : il lui est interdit durant deux ans de confesser, de diriger spirituellement des religieuses, de séjourner et de prêcher dans des monastères et d'enseigner la spiritualité.
- Jean Vanier est inclus dans la condamnation de l'Eau vive en 1956 et le Saint-Office le qualifie de « disciple fanatique » 🡵.
–> Le Saint-Office décide également la fermeture de l'Eau vive et la dispersion du groupe dont Jean Vanier fait partie, avec l'interdiction définitive de le reformer en un autre lieu 🡵.
Voir aussi :