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Père Louis Ribes (1920-1994)
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Roger_Matassoli
- https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/comprendre-laffaire-louis-ribes-le-picasso-des-eglises-accuse-dagressions-sexuelles-sur-mineurs-80439.php
- https://france3-regions.franceinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/loire/saint-etienne/revelations-d-abus-sexuels-sur-mineurs-commis-par-le-pretre-ribes-l-eveque-de-saint-etienne-a-la-rencontre-des-habitants-de-grammond-2422399.html
- https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/temoignage-exclusif-a-8-ans-luc-a-ete-viole-par-le-pere-ribes-le-picasso-des-eglises
- https://www.lyoncapitale.fr/actualite/affaire-ribes-l-eglise-est-riche-elle-peut-payer-le-collectif-de-victimes
- https://www.liberation.fr/societe/religions/tres-longtemps-jai-cru-que-jetais-la-seule-nouvelles-accusations-de-violences-sexuelles-contre-le-pretre-louis-ribes-20220316_WS3DDIFZYNGHJLMEJZ2YHBCANA/
- https://www.marianne.net/societe/police-et-justice/temoignage-le-pere-ribes-donnait-de-laffection-a-des-enfants-qui-nen-navaient-pas-chez-eux
- https://www.marianne.net/societe/police-et-justice/affaire-louis-ribes-de-nouveaux-temoignages-et-un-scandale-de-plus-qui-embarrasse-leglise
- https://www.marianne.net/societe/police-et-justice/affaire-louis-ribes-que-sont-devenues-les-photos-des-victimes-de-violences-sexuelles
- https://www.placegrenet.fr/2022/02/15/abus-sexuels-48-temoignages-de-victimes-du-pretre-louis-ribes-recueillis-par-les-dioceses-de-lyon-saint-etienne-et-grenoble-vienne/560388
- https://www.lepelerin.com/religions-et-spiritualites/lactualite-de-leglise/affaire-ribes-la-fin-dun-silence-6438
- https://www.mediacites.fr/enquete/lyon/2022/01/25/agressions-sexuelles-du-picasso-des-eglises-le-long-silence-des-dioceses-de-lyon-et-grenoble/
- https://lyon.catholique.fr/actualites/textes-et-communiques/2022/05/06/suivi-de-laffaire-louis-ribes/
- https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/affaire-louise-ribes-1643341147
- https://france3-regions.franceinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/pedophilie-que-pouvions-nous-faire-de-plus-l-ancien-eveque-de-grenoble-guy-de-kerimel-temoigne-2433928.html
- https://actu.fr/auvergne-rhone-alpes/vienne_38544/vienne-victimes-du-pere-louis-ribes-ils-temoignent-et-demandent-une-vraie-enquete_48266509.html
- https://www.ladepeche.fr/2022/01/19/abus-sexuels-du-pretre-louis-ribes-en-rhone-alpes-de-tres-nombreuses-victimes-selon-larcheveche-10055808.php
- https://nouveaulyon.fr/2020/09/15/journees-du-patrimoine-sur-les-traces-des-pretres-artistes/
- https://france3-regions.franceinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/exclusif-pedophilie-affaire-louis-ribes-l-eglise-savait-2433190.html
- https://www.diocese-grenoble-vienne.fr/csx/scripts-admin/downloader2.php?filename=T011/media/7a/ab/3445toa2uydz&mime=application/pdf&originalname=Communiqu_du_dioc_se_de_Grenoble_Vienne_240122.pdf&moid=208
- https://www.diocese-grenoble-vienne.fr/csx/scripts/downloader2.php?filename=DATAWX/fichier/8f/ef/98u5tjzygzlf&mime=application/pdf&originalname=220113_communiqu__p_re_ribes.pdf
- https://lyon.catholique.fr/actualites/textes-et-communiques/2022/01/13/communique-du-diocese-de-lyon/
- https://www.diocese-saintetienne.fr/wp-content/uploads/2022/01/Communiqu%C3%A9-P-Ribes-2022-01-13.pdf
- https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/affaires-ribes-des-victimes-se-reunissent-dans-un-collectif-1644341276
- https://france3-regions.franceinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/pedophilie-dans-l-eglise-on-n-est-pas-entendu-les-victimes-du-pere-ribes-attendent-toujours-reparations-2537688.html
- https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/pedophilie-l-indignation-des-victimes-du-pere-louis-ribes-face-au-refus-de-retirer-ses-vitraux-a-givors-5436300
- https://france3-regions.franceinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/exclusif-pedophilie-le-pere-ribes-avait-besoin-d-un-compagnonnage-d-enfants-pour-peindre-le-pere-l-temoigne-2439625.html
- https://www.mesopinions.com/petition/enfants/retrait-vitraux-pedocriminel-abbe-louis-ribes/204656
- https://www.radiofrance.fr/franceinter/en-region-lyonnaise-le-long-combat-des-victimes-pour-le-retrait-des-oeuvres-d-un-pretre-pedophile-8380149
- https://www.youtube.com/watch?v=6iYw7cA2kq8
- https://www.la-croix.com/Debats/Mgr-Gobilliard-oeuvres-pere-Ribes-pedocriminel-sont-pas-lart-2022-02-22-1201201524
- https://www.rcf.fr/articles/actualite/diocese-de-lyon-le-retrait-des-vitraux-de-louis-ribes-a-commence
- https://france3-regions.franceinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/pedophilie-au-sein-de-l-eglise-des-vitraux-du-pere-ribes-toujours-en-place-le-maire-de-givors-s-explique-2755802.html
- https://www.francebleu.fr/infos/societe/des-vitraux-du-pretre-pedophile-louis-ribes-retires-d-une-eglise-du-rhone-6945430
- https://mesinfos.fr/69870-chambost-allieres/les-oeuvres-du-pretre-pedophile-louis-ribes-continuent-de-faire-souffrir-191572.html
- https://lyon.catholique.fr/agir-ensemble-contre-les-abus-sexuels/
- http://preventionabus.diocese-saintetienne.fr
- https://www.diocese-saintetienne.fr/eglise-et-societe/communique-des-dioceses-de-lyon-saint-etienne-et-grenoble-vienne
- https://www.diocese-grenoble-vienne.fr/coin_presse.html
Le père Louis Ribes
Chronologie
Le père Ribes est originaire de Grammond (dans la Loire) 🡵 et incardiné dans le diocèse de Lyon 🡵. Il a fait un nombre extrêmement important de victimes (peut-être plusieurs centaines) dans les diocèses de Lyon, Saint Etienne et Grenoble.
- 1920 Naissance 🡵
- 1947 Ordonné prêtre 🡵 pour le diocèse de Lyon 🡵
- Enseignant à la Cléricale, école catholique de St-Martin-en-Haut, dans l'ouest lyonnais 🡵
- Pendant la guerre, il est dessinateur pour l'hebdomadaire Temps Nouveau, à Lyon 🡵
- 1951-1968 Enseignant au petit séminaire de Chessy (69) 🡵
- 1968-1994 Enseignant au séminaire d'aînés d'Estressin-Vienne (38) 🡵
- 1994 Décès 🡵
Un prédateur sexuel
Pour avoir de jeunes garçons auprès de lui la nuit, le prêtre prétextant avoir besoin d'un « garde-malade » 🡵. Des victimes dénoncent le silence des autres prêtres qui ne pouvaient pas ignorer cela 🡵, ainsi que des religieuses présentes au séminaire 🡵.
De plus, il mettait à disposition des jeunes de quoi les attirer : une collection importante de disques vinyles, notamment l'intégrale de Brassens, un ordinateur Amstrad avec de multiples jeux, un pyrograveur,…
La lente prise de conscience de l'Église (et ses oublis)
- 1994 Au décès du père Louis Ribes, des photos d'enfants nus prises par Ribes ont été détruites par un prêtre et une laïque 🡵, tous deux toujours vivants en 2022 🡵. La personne qui les a découverts s'est déclarée « horrifiée » 🡵. Ce prêtre et cette laïque avaient-ils alors informé leur hiérarchie de l'existence de ces dessins ? « Nous ne pouvons communiquer sur ce sujet dès lors qu'un signalement a été fait auprès du parquet », répond-on au diocèse de Lyon 🡵.
- 2015
- Une victime (Jean-Pierre) dénonce le père Ribes au père Jean Callies, du diocèse de Grenoble. Quelques semaines plus tard, le père Callies lui fait savoir que son signalement est remonté au diocèse de Grenoble 🡵. De plus, le père Jean Callies apprend à la victime qu'elle n'est pas la seule 🡵.
- Un signalement est effectué et on le retrouve dans les archives du diocèse de Grenoble 🡵, bien que le père Loïc Lagadec indique en 2022 : « Il n'y a rien dans les archives » 🡵.
- 2016
- Une victime qui avait parlé en 2015 (Jean-Pierre) contacte le cardinal Philippe Barbarin (alors archevêque de Lyon) et le rencontre à trois reprises. Mais il est impossible de savoir avec certitude si le cardinal savait ou non pour le père Ribes 🡵. Cependant, puisque le diocèse de Grenoble était au courant en 2015, il est pratiquement certain qu'il ait fait suivre au diocèse d'incardination du père Ribes.
- Le père Joseph Antin, vicaire Général du diocèse de Grenoble-Vienne, rencontre Jean-Pierre et alerte Mgr de Kerimel 🡵. Un compte-rendu de rendez-vous a également été retrouvé dans les archives selon Loïc Lagadec 🡵.
- La fille d'une victime contacte le diocèse de Grenoble. A son tour, ce dernier contacte le diocèse de Lyon qui ne retrouvera rien dans le dossier du père Ribes 🡵.
- 2020 Publication de « Prêtres & Artistes » à l'initiative de la Commission diocésaine d'art sacré de Lyon pour mettre à l'honneur des prêtres lyonnais… dont le père Ribes 🡵 à un moment où on « ignorait ses agissements pédo-criminels, sans quoi, évidemment, il n'aurait jamais vu le jour » selon Mgr Olivier de Germay (ce qui est faux, cf année 2016). Ce livre a été retiré de la vente en septembre 2021 🡵.
- 2021
- Plusieurs victimes témoignent auprès de la Ciase 🡵.
- « Dans le diocèse de Lyon, le premier témoignage a été déposé fin juillet 2021 » selon un communiqué 🡵, alors que Mgr Barbarin aurait été contacté par une victime en 2016 🡵 et que le diocèse de Grenoble avait transféré un témoignage aussi en 2016 🡵.
- En août, des victimes adressent des emails aux diocèses de Lyon, Grenoble et St-Etienne pour demander une prise en compte rapide de cette affaire 🡵.
- Lundi 18 octobre, le témoignage de Luc dans Marianne lance la médiatisation 🡵, six ans après le témoignage reçu en 2015.
- Dimanche 24 octobre, un message est lu aux fidèles des paroisses de la région viennoise pour évoquer de forts soupçons sur le père Ribes, et inviter le cas échéant à joindre la cellule d'écoute 🡵.
- En octobre, les évêques des trois diocèses ont acquis la certitude de la véracité des faits. Il le feront savoir dans un communiqué commun en 2022 🡵.
- 2022
- A la suite des articles de Marianne et de Médiacités Lyon 🡵, les trois diocèses publient un communiqué de presse qui fait état des accusations contre le père Louis Ribes 🡵 🡵 🡵. On notera que deux des trois communiqués mentionnent « l'été dernier » comme date de réception des témoignages, mais n'indiquent ni 2015, ni 2016.
- Le diocèse de Lyon fait un signalement au procureur de la république 🡵.
- Le diocèse de Saint-Etienne reçoit un premier témoignage 🡵.
- Le diocèse de Saint-Etienne fait un signalement auprès du Parquet de Saint-Étienne des accusations d'agressions sexuelles qui pèsent sur le père Ribes. Il lui transmet le nombre de victimes (17) et leurs noms 🡵.
- Le collectif des victimes du père Ribes organise sa première conférence de presse, pour manifester son mécontentement, se sentant oublié par le diocèse 🡵.
- Rien que dans le village de Grammond, Louis Ribes aurait fait au moins 50 victimes selon l'évêque de Saint-Etienne 🡵. Il est vraisemblable que le père Ribes ait fait plusieurs centaines de victimes au total 🡵.
Des complicités ou la volonté de ne pas savoir ?
« Un religieux qui va chercher un enfant pour l'amener à un prêtre prédateur, cela porte un nom : c'est du proxénétisme ? La réponse de [Mgr de Kerimel] est cinglante : « Je n'aurais pas employé ce terme. Il n'y avait peut-être pas la volonté de fournir de la chair fraîche, mais les supérieurs se sont laissé entraîner dans des affaires plus que douteuses. Il est difficile de se mettre à leur place ».
— France 3
Un jour [de 1976], Louis Ribes sanctionne son élève passablement dissipé, l'expédie au fond de la pièce derrière la cloison, une sorte de réduit tapissé de livres avec des effets personnels de l'abbé. Alain s'ennuie et se met à regarder dans les 8 grands cartons à dessins posés à côté d'un transat.
« Il y avait des centaines de croquis, d'aquarelles, d'enfants nus dans des positions indécentes et des choses plus crues encore. De grosses quantités de pornographie. J'ai eu conscience de tomber sur son jardin secret ».
Alain se confie à son directeur spirituel avec qui il entretient des relations confidentielles et de confiance. A sa grande surprise celui-ci le réprimande et l'accuse de « manquer de respect vis-à-vis de la communauté » mais pas un mot sur la nature des dessins. Deux jours plus tard, Louis Ribes convoque le jeune séminariste, informé par le directeur spirituel. « Tu n'as pas à fouiller dans mes affaires. Tu ne viendras plus à mes cours » lui jette au visage un Ribes furieux.
Ce premier signalement d'Alain auprès des responsables religieux n'ira pas plus loin. Louis Ribes continue d'enseigner au séminaire des aînés de Vienne. Alain ne le sait pas encore mais il ne deviendra jamais prêtre.
Alain reconnaît tout de suite le petit garçon au visage d'indien et aux cheveux lisses, il l'a vu sur plusieurs croquis de Ribes, ceux entassés dans l'arrière salle. L'abbé n'ayant pas le permis de conduire, c'est le directeur spirituel d'Alain ou le supérieur du séminaire qui vont chercher l'enfant chez lui avec l'abbé Ribes pour l'amener au séminaire. Alain est stupéfait. Il se souvient du long couloir de cet ancien hospice converti en séminaire qui menait aux chambres individuelles, exiguës, avec un seul lit une place. « On a vu plusieurs fois l'enfant rentrer dans la chambre de l'abbé et y rester pour la nuit ». Nous étions une douzaine de séminaristes et on en parlait entre nous. Certains s'interrogeaient, d'autres comme moi n'avions aucun doute.
[…]
Concernant les centaines de dessins pédopornographiques signés Ribes, Guy de Kerimel dit ne pas savoir où ils sont et avance « Peut-être ont-ils été transférés à l'autre centre de séminaires des aînés à Orléans après fermeture du séminaire de Vienne ».
— France 3
Le père L. raconte que Louis Ribes utilisait régulièrement cet argument [« Je suis un artiste, c'est mon métier »] pour justifier la présence d'enfants à ses côtés et le fait de les peindre nus. « Il disait qu'il travaillait comme cela. A partir de là, il n'y avait qu'à se taire. »
[…]
A la question, « Cela vous choquait de voir tous ces enfants ? Saviez-vous que certains dormaient avec lui ? », là encore, la réponse est déstabilisante, « Ah oui des enfants dormaient avec lui. Je sais qu'il le faisait. Je n'étais pas choqué, il disait qu'il était artiste. Que fallait-il dire ? ».
Mais quand vous entendez, « Il ne faisait pas que faire des portraits de nous. Il m'a agressé sexuellement ? » Vous ne vous êtes jamais posé de questions ?, lui demande Luc. Réponse : « Pas beaucoup de questions. On n'était pas sûr qu'il abusait des enfants. Il disait qu'ils étaient ses modèles. Je n'étais pas le responsable du séminaire. »
— France 3
L'art comme prétexte
Louis Ribes était artiste peintre, et surnommé le « Picasso des églises ». Ses productions, notamment des tableaux et des vitraux, sont exposées dans des églises du Rhône, de la Loire et de l'Isère 🡵. « Ce prêtre nous demandait de nous déshabiller pour nous dessiner. C'était le prétexte pour nous toucher ou nous violer, et à partir des croquis il réalisait des tableaux » 🡵.
Sur l'envers de certains tableaux et croquis, le peintre prenait soin de noter les initiales ou les noms entiers des enfants qui y avaient « contribué ». Hormis le volet « officiel » de son œuvre exposé dans des églises, un autre, que mentionnent plusieurs témoignages, aurait été composé de ces croquis pédopornographiques trouvés par Alain en 1976, pour lesquels il demandait aux enfants de poser « les jambes écartées », dit Annick Moulin, « à deux ou trois dans des positions limites », abonde Bruno. 🡵.
Dans une interview, Mgr Emmanuel Gobilliard dira très clairement : « À partir du moment où des réalisations picturales ont été faites à la suite d'agressions sexuelles, ce ne sont pas des œuvres, ce n'est pas de l'art » 🡵. Par la suite, il détaillera son propos dans un article publié par La Croix :
Lorsque le contexte est à ce point horrifiant, lorsque des agressions aussi perverses ont « inspiré » l'auteur, lorsque les agressions ont été commises pendant la réalisation même de l'œuvre, peut-on encore parler d'œuvre ? Le simple fait, pour les personnes victimes, de savoir que leur agression est ainsi exposée, voire « magnifiée » et qui plus est dans des œuvres cultuelles, devrait suffire, au nom de la souffrance qu'elles ont vécue, au nom de la souffrance qu'elles vivent encore, à répondre non ! Ces personnes n'ont pas été les simples victimes d'un accident de la vie, elles ont été attaquées dans ce qu'il y a de plus intime, réduites à l'état d'objet et blessées pour toujours.
Certains m'ont objecté que de nombreux artistes, dans l'Histoire, étaient des pervers, voir des criminels. Doit-on retirer leurs œuvres des musées ? Je laisse ce débat aux spécialistes. Mais dans le cas présent, les victimes sont encore vivantes. Rien ne peut justifier l'agression d'un enfant, même pas ce qui serait considéré par la société comme la plus belle des œuvres d'art. Un seul de ces enfants a plus de valeur que toutes les œuvres d'art réunies.
Ce débat me semble d'autant plus important que la condition d'artiste peut au même titre que celle de prêtre donner un pouvoir, une aura qui, s'ils sont mal utilisés peuvent conduire aux pires atrocités.
— La Croix
Le retrait des « œuvres » de Louis Ribes
Des victimes demandent aux autorités religieuses de se séparer des œuvres de l'artiste exposées dans des églises car « elles représentent des scènes de viols » 🡵. C'est par exemple le cas du vitrail intitulé « Le fils prodigue » de l'église Sainte-Catherine à Lyon où, devant un prêtre, un jeune garçon est agenouillé, la tête à hauteur de son bas-ventre 🡵.
Dans le cadre de ses activités artistiques, le père Ribes expliquait qu'il faisait comme aux Beaux-arts où l'on pose nu. Dans son bureau à Estressin (un lieu prêté par la mairie de Vienne), il réalisait des croquis au crayon. Dessus, il écrivait le prénom de l'enfant qu'il faisait ensuite venir nu sur ses genoux pour pratiquer des attouchements. Il expliquait aux parents qu'il était artiste et que c'était normal de dessiner des enfants nus. Il prenait également les enfants en photo nus avec son Polaroïd 🡵. « Il me demandait de lui faire des fellations et il m'en faisait. Il a institué ces rapports dès le premier été, quand j'avais 8 ans. Il me disait que c'était de l'amour et que quand on aime, on doit avoir ce type de relations. C'était très perturbant pour moi d'autant plus que c'était mélangé à la religion. Plusieurs fois, j'ai réussi à éviter qu'il aille plus loin » 🡵.
La difficulté liée au retrait des œuvres est liée à leur statut
- Certaines appartiennent à l'Église. Les diocèses concernés, notamment celui de Lyon, se sont exprimés favorablement à ce que les œuvres de « RIB » soient retirées des églises 🡵.
- Certaines appartiennent aux communes. Toutes les municipalités sont favorables au retrait des vitraux qu'elles abritent, sauf celle de Givors 🡵. Cette commune refuse de déposer les vitraux de la chapelle Saint-Martin de Cornas, désacralisée 🡵.
- Certaines sont de plus inscrites au registre des documents historiques 🡵.
De plus, selon Laurence Robert, déléguée générale du diocèse de Lyon : « On ne peut pas les détruire car c'est une œuvre d'art, il y a un droit moral attaché à une œuvre artistique. Il faudrait que tous les ayants droits de Louis Ribes acceptent de les détruire pour qu'on puisse le faire. Nous travaillons à les retrouver, il y en a plus que ce que l'on pensait, une dizaine, ce qui fait que cette solution est compromise, mais on y travaille » 🡵.
Malgré les difficultés, le retrait progressif des créations de Ribes se poursuit, avec cependant l'exception notable de Givors 🡵.
Communiqués des trois diocèses (Grenoble-Vienne, Lyon et Saint-Etienne)
Communiqué du 13 janvier 2022
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
le 13 janvier 2022Plusieurs personnes se sont adressées au diocèse de Lyon, au diocèse de Grenoble-Vienne ainsi qu'au diocèse de Saint-Etienne pour révéler qu'elles ou leurs proches avaient été agressés sexuellement par le père Louis Ribes, décédé en 1994. Nous avons acquis la certitude, en octobre dernier, de la véracité des faits.
Les responsables des diocèses expriment aux personnes victimes du père Ribes leur profonde compassion, leur honte qu'un prêtre ait pu commettre de tels actes.
Par respect pour les victimes, les œuvres du père Ribes qui appartiennent au diocèse de Lyon, Grenoble-Vienne et Saint-Etienne, seront progressivement déposées et remisées.
Les personnes victimes sont invitées à se faire connaître auprès des cellules d'écoute mises en place par les diocèses. Elles pourront être reçues, si elles le désirent.
Pour le diocèse de Lyon :
04 78 814 845 - signalement@lyon.catholique.fr
Infos : https://lyon.catholique.fr/agir-ensemble-contre-les-abus-sexuels/Pour le diocèse de Grenoble-Vienne :
07 68 77 29 60 - cellule.ecoute@diocese-grenoble-vienne.fr
Infos : www.luttercontrelesabus.fr/accueil.htmlPour le diocèse de Saint-Etienne :
04 77 59 30 66 - accueil.victimes@diocèse-saintetienne.fr
Infos : www.diocese-saintetienne.fr/delegations-eglise-dialogue/agir-contre-abus-sexuels
Communiqué
à propos du Père Louis RibesL'été dernier, plusieurs personnes se sont adressées au diocèse de Lyon et au diocèse de Grenoble pour révéler qu'elles ou leurs proches avaient été agressés sexuellement par le Père Louis Ribes,artiste peintre décédé en 1994.
Pour ma part, j'ai appris récemment que des personnes avaient aussi été agressées dans le diocèse de Saint-Etienne, le Père Ribes étant originaire de Grammond où il revenait régulièrement.
Je voudrais d'abord exprimer aux personnes victimes ma profonde compassion et ma désolation de découvrir à nouveau qu'un prêtre ait pu commettre ces actes odieux. Pour témoigner de ce qu'elles ont vécu et pour exprimer leurs attentes, j'invite les personnes victimes qui le souhaitent, ou leurs proches, à contacter la
Cellule diocésaine d'accueil et d'écoute
04 77 59 30 66 24h/24 – 7j/7
accueil.victimes@diocèse-saintetienne.fr
http://preventionabus.diocese-saintetienne.frUne rencontre publique d'information et d'échanges est prévue le mardi 18 janvier 2022 à 20h à la Salle des mille clubs de Grammond, à laquelle je participerai ainsi que le maire de la commune. Notre diocèse reste engagé dans l'accompagnement des victimes, avec le souci de faire la vérité et de poursuivre la mise en œuvre d'une prévention active pour que notre Église soit aujourd'hui une maison sûre.
Saint-Etienne, le 13 janvier 2022
+ Sylvain Bataille
Évêque de Saint-Etienne
Communiqué du diocèse de Lyon
L'été dernier, plusieurs personnes se sont adressées au diocèse de Lyon et au diocèse de Grenoble pour révéler qu'elles ou leurs proches avaient été agressés sexuellement par le père Louis Ribes, décédé en 1994. Nous avons acquis la certitude, en octobre dernier, de la véracité des faits.
Les responsables du diocèse de Lyon expriment aux personnes victimes du père Ribes leur profonde compassion, leur honte qu'un prêtre ait pu commettre de tels actes.
Par respect pour les victimes, les œuvres du père Ribes qui appartiennent au diocèse de Lyon, mais aussi aux diocèses de Grenoble et de Saint-Etienne, seront progressivement déposées et remisées.
Les personnes victimes qui le désirent peuvent se faire connaître auprès du bureau diocésain d'accueil des victimes, à l'adresse signalement@lyon.catholique.fr afin d'être reçues.
Communiqué commun du 9 février 2022
Un communiqué globalement identique a été publié le 9 février 2022 par le diocèse de saint Etienne 🡵, le diocèse de Lyon 🡵 et le diocèse de Grenoble 🡵.
Le diocèse de Lyon ayant publié le communiqué le plus complet, c'est celui-ci qui est présenté ci-dessous.
Suivi de l'affaire Louis Ribes
Mise à jour du 05 mai 2022 du document publié le 10 février 2022.
Après la révélation le 31 juillet 2021 au diocèse de Lyon d'un premier cas d'agissement pédo-criminel par le père Louis Ribes, ce document rassemble l'ensemble des actions menées par le Diocèse de Lyon, et certaines autres menées par les diocèses de Grenoble et Saint-Etienne. Par ailleurs, les cellules d'écoute continuent d'échanger avec les personnes victimes qui acceptent de s'adresser à elles.
Des rencontres pour libérer la parole
Des rencontres ont été organisées à l'initiative des diocèses : à Pomeys le 8 janvier dans le diocèse de Lyon, à Grammond le 18 janvier dans le diocèse de Saint-Etienne et à Vienne le 27 janvier dans le diocèse de Grenoble-Vienne. Ces rencontres avaient pour objectif d'informer les communautés particulièrement concernées par les agissements de Louis Ribes. Il s'agissait aussi de redire notre volonté de faire la vérité et d'inviter ceux qui le souhaitent à témoigner auprès de nos cellules d'écoute (contacts ci-dessous). Au cours de ces réunions, certaines victimes ont pu parler pour la première fois. D'autres se sont signalées par la suite. C'est ainsi que nos diocèses ont recueilli à ce jour 51 témoignages sur les trois diocèses. Il faut noter par ailleurs qu'un collectif de victimes de Louis Ribes a vu le jour et organise également des rencontres. Il peut être contacté à l'adresse : affaire.ribes@protonmail.com
Des rencontres avec la présence de psychologues
En plus des rencontres publiques organisées dans chaque diocèse en janvier dernier, des rencontres, organisées par les diocèses et des personnes victimes, y compris avec le collectif de victimes, ont été organisées.
Dans le diocèse de Saint-Etienne, trois rencontres en groupe en présence d'un psychologue ont été organisées. Dans le diocèse de Lyon, une première rencontre s'est tenue le 9 avril dernier. Une autre est planifiée en juin prochain. Il n'y a pas eu de rencontres organisées dans le diocèse de Grenoble, la majorité des personnes victimes de ce diocèse ayant rejoint des groupes à Saint-Etienne ou à Lyon.
Le décrochage des œuvres
Les œuvres de Louis Ribes identifiées comme appartenant aux diocèses ont été déposées, y compris le tableau monumental, qui n'avait pu être déposé dans un premier temps. Elles sont stockées dans des locaux diocésains non accessibles au public, et clairement identifiées comme étant l'œuvre d'une personne pédo-criminelle, et ne devant pas être exposées, par respect pour ceux qui ont été agressés.
Après avoir pris conseil auprès d'un huissier de justice, il n'a pas été possible de trouver une solution juridique permettant la mise en place d'un système de scellé. Le diocèse de Lyon s'est toutefois engagé (notamment à l'occasion d'une interview de Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon, sur BFMTV Lyon le 15 février 2022), à ce que ces œuvres ne soient plus jamais exposées, mais conservées, pour qu'il soit gardé mémoire de ces agissements pédo-criminels au sein de l'Église.
En ce qui concerne les vitraux dans les églises du diocèse de Lyon, des courriers ont été adressés aux huit maires concernés pour leur exposer la situation. Les communes étant propriétaires des églises, c'est à elles que revient de prendre une décision. Le diocèse de Lyon se tient à leur disposition pour les accompagner dans cette démarche. Il a également été indiqué par voie de presse et aux maires que le diocèse de Lyon soutiendrait les décisions des maires concernés, quelles qu'elles soient. Cependant, le remplacement de vitraux ne peut pas être effectué aussi rapidement que le décrochage de tableaux. Aussi, dans les lieux où de telles décisions seront prises, le remplacement effectif des vitraux ne pourrait intervenir qu'à l'issue d'une phase de concertation avec les équipes municipales concernées, les paroisses, les personnes victimes qui le souhaiteront, la réalisation de nouveaux projets auprès d'artistes, leur fabrication…
En ce qui concerne l'œuvre inscrite monument historique à Chambost-Allières, elle a également été retirée après l'obtention de l'autorisation des services de l'État. Quant à son déclassement, il n'appartient pas au diocèse de Lyon de prendre une décision.
Le retrait d'un livre contenant des œuvres de Louis Ribes
A Lyon, un livre sur une trentaine de prêtres artistes, dont Louis Ribes, a été édité en septembre 2020. Au moment de sa publication, la Commission diocésaine d'art sacré de Lyon ignorait les agissements pédo-criminels de Louis Ribes, sans quoi, évidemment, les œuvres du père Louis Ribes n'auraient pas figuré dans cet ouvrage. Ce livre a été retiré de la vente en septembre 2021, un mois après les premières révélations concernant le diocèse de Lyon. Tous les stocks dépendant du diocèse ont été retirés de la vente. Le diocèse de Lyon confirme que ce livre n'est plus diffusé après en avoir fait la demande à l'éditeur, qu'il est « retiré de la vente » ou « épuisé » chez de nombreux distributeurs. Il reste quelques rares unités disponibles chez certains libraires, mais il n'est plus possible d'en obtenir le retrait. Pour ces rares unités, cette décision appartient aux libraires.
Par ailleurs, le diocèse de Lyon rappelle que la publication de cet ouvrage n'a donné lieu à aucun bénéfice, les coûts de réalisation et le faible nombre d'exemplaires diffusés ne permettant pas de dégager un quelconque bénéfice sur la vente de ce livre.
Les photos et croquis
Comme on peut le comprendre, les personnes victimes se soucient du devenir des photos et croquis d'enfants réalisés par Louis Ribes. Nous avons appris le 28 janvier dernier qu'ils ont été trouvés à sa mort, en 1994, dans son appartement au séminaire des aînés de Vienne-Estressin puis brûlés. Par ailleurs, il peut exister des photos, peintures et croquis qui relèvent de la responsabilité de leurs propriétaires privés.
Les enquêtes en cours
Dans le cadre du protocole signé avec le parquet de Lyon, Mgr Emmanuel Gobilliard a effectué un signalement le 28 janvier dernier. Le diocèse de Lyon rappelle qu'à partir du moment où un signalement est fait à la justice, un travail d'enquête commence, réalisé par la justice civile. Le diocèse de Lyon n'est pas tenu informé de ce travail d'enquête.
La procédure canonique qui a été lancée parallèlement est en cours. Le résultat n'est pas connu à ce jour. Le Tribunal ecclésiastique ne communique pas d'informations pendant la phase d'enquête.
La mise en place d'une instance nationale de reconnaissance et de réparation
En ce qui concerne les demandes de reconnaissance et de réparation (soutien, action de médiation, montant éventuel d'une indemnisation…), nous redisons notre désir d'accompagner les victimes de nos diocèses dans leurs démarches et rappelons que les évêques de France ont mandaté et financé une Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (INIRR) qui est opérationnelle. Nous souhaitons qu'elle puisse aider les personnes victimes.
La participation à la réparation des personnes victimes
En janvier dernier, le diocèse de Lyon a annoncé avoir abondé le fonds SELAM d'un montant de 750 000 euros. Le diocèse de Grenoble a quant à lui annoncé avoir versé 500 000 euros. Par ailleurs, ces montants ne comprennent pas les participations volontaires des évêques, prêtres, diacres et fidèles laïcs de ces diocèses, qui ont participé individuellement pour abonder ce fonds. Ces montants sont destinés à permettre à la nouvelle Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation de traiter les demandes que lui adressent les personnes victimes. A ce jour, le fonds SELAM a indiqué avoir recueilli 20 000 000 d'euros. Parallèlement, l'Instance Nationale Indépendante de Reconnaissance et de Réparation a indiqué avoir commencé à traiter les demandes des premières personnes victimes qui se sont adressées à elles.
Ce processus de réparation au niveau national a été mis en place sur recommandation de la Ciase et à la demande des personnes victimes qui ont été consultées au moment de la création de ce dispositif national. Il permet d'assurer une équité de traitement pour toutes les victimes quel que soit le lieu de commission des faits.
Le dispositif mis en place permet également à des personnes victimes d'actes dont les faits sont prescrits ou dont l'auteur est décédé d'obtenir tout de même une réparation. Ce dispositif n'existe dans nulle autre institution. La prescription des faits ou la mort de l'auteur empêchant l'obtention d'indemnités par la voie judiciaire.
Un partage d'informations à améliorer
Il y a aujourd'hui des interrogations sur le fait que les abus commis par Louis Ribes aient pu si longtemps rester sous silence dans les familles, dans les séminaires ou les paroisses, et que la parole des quelques personnes qui se sont exprimées n'a pas été prise en compte. Les diocèses de Lyon, Saint-Etienne et Grenoble-Vienne n'ont retrouvé dans leur archives aucun témoignage avant 2015. Dans le diocèse de Lyon, le premier témoignage a été déposé fin juillet 2021 et dans celui de Saint-Etienne, en janvier 2022. Tout cela a mis en lumière la nécessité de mieux nous coordonner et nous organiser pour signaler les faits et répondre aux demandes des victimes. Une cellule de coordination interdiocésaine a donc été créée. Certains manquements en termes d'archivage ou de transmission des informations à la hiérarchie ont été identifiés et des solutions ont été mises en place afin d'améliorer le recueil et le suivi des témoignages des personnes victimes.
Cette douloureuse affaire nous engage à poursuivre le travail déjà entamé ces dernières années et qui a abouti notamment à la création des cellules d'écoute dans nos diocèses, à la publication du rapport de la Ciase et maintenant à la mise en place de l'INIRR ainsi que, localement, de groupes de parole.
Contacts diocésains pour les personnes victimes
Grenoble-Vienne : 07 68 77 29 60 ou cellule.ecoute@diocese-grenoble-vienne.fr
Lyon : signalement@lyon.catholique.fr
Saint-Etienne : 04 77 59 30 66 ou accueil.victimes@diocèse-saintetienne.frCollectif des personnes victimes
affaire.ribes@protonmail.comFrance Victimes
01 41 83 42 17