<< Père Dominique Spina >>

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Père Dominique Spina

Dates clé

Incardiné dans le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron.
1994 Alors vicaire de Jurançon, [Sud Ouest, jeudi 18 août 1994] il est également aumônier des lycées publics Louis Barthou et Saint-John-Perse de Pau 🡵.
2001 Dépôt de plainte au commissariat de Pau 🡵.
2002 L'abbé Dominique Spina est placé en garde à vue. Reconnaissant d'abord l'ensemble des faits (dont les agressions sexuelles couvertes par la prescription), il nie finalement les viols - arguant qu'il ne connaissait pas le sens du mot « fellation » lors de sa déposition 🡵.
2005 L'abbé Dominique Spina est reconnu coupable du viol d'un lycéen âgé de 16-17 ans au moment des faits, dont il était le directeur de conscience en 1993 🡵, alors qu'il était responsable du service des vocations du diocèse. Il est condamné à 5 ans de prison dont un avec sursis à Pau 🡵.
2006 L'abbé Dominique Spina fait appel. La peine est confirmée en appel 🡵. Pendant le procès, une partie des experts psychiatres avaient pointé un risque de récidive de la part du prêtre, décelant chez lui « des dispositions paranoïaques, narcissiques et perverses » et « une absence de culpabilisation » 🡵. Sur une condamnation à 4 ans de prison ferme, il n'effectue qu'un an et demi 🡵.
2007 Ayant bénéficié d'une libération conditionnelle 🡵, il est accueilli dans le diocèse de Toulouse, avec l'accord de Mgr Pierre Molères (évêque de Bayonne) et Mgr Robert Le Gall (évêque de Toulouse). On lui confie une mission d'archiviste, ainsi qu'une « petite activité pastorale, auprès d'adultes uniquement », précise Mgr Le Gall, contacté par Mediapart. Le prêtre doit également se plier à un suivi psychologique imposé par la justice 🡵.
2009 L'abbé Dominique Spina devient curé de l'ensemble pastoral de Fronton-Bouloc-Castelnau-d'Estrétefonds (seul prêtre de l'ensemble pastoral 🡵). La paroisse regroupe sept clochers sur différentes communes du nord de Toulouse et le père Dominique Spina en est l'unique prêtre. À ce titre, il célèbre non seulement les messes, mais supervise également la pastorale des jeunes. Sur le site de la paroisse, un organigramme le place même au centre d'une équipe de bénévoles en charge des baptêmes, du catéchisme ou des premières communions. Deux fois par an, lors des retraites préparant les enfants à la première communion, il les confesse « au milieu de l'église, au vu de tous » 🡵, mais selon le père Spina « Si je suis responsable de la pastorale des jeunes, je n'ai aucun contact avec les enfants » 🡵, ce que confirme Mgr Le Gall « Le père Dominique Spina n'a aucun contact direct avec les enfants » 🡵.
2016 Un article de Mediapart révèle au grand public que le père Dominique Spina est curé et supervise également la pastorale des jeunes 🡵. Face à la médiatisation, il aura le soutien de l'équipe d'animation pastorale qui dans un communiqué publié sur le site du diocèse indique : « Pour tout détenu, il est normal de parler d'avenir, de réinsertion, sauf pour lui sans doute » 🡵. Mgr Robert Le Gall commentera pour sa part : « Le père Dominique Spina comprend que l'exercice de sa charge de curé à Fronton est impossible à exercer dans le contexte actuel. Il m'a demandé d'en être relevé : c'est la seule solution contre la méfiance ou le soupçon généralisé. J'ai accepté son retrait et je vais réfléchir à une nouvelle situation pour lui. Elle ne devra permettre aucun contact direct ou indirect avec des jeunes » 🡵. Mgr Le Gall ne semble donc pas trouver anormale la nomination comme curé et responsable de la pastorale des jeunes de la paroisse.
2019 ou 2020 Le père Dominique Spina est nommé aux archives de catholicité du diocèse de Toulouse 🡵.
2020 Au premier septembre, il est nommé adjoint aux dispenses de mariage. La fonction principale du chancelier est de veiller à ce que les actes de la curie diocésaine soient rédigés, expédiés et conservés aux archives de la curie diocésaine. Par cette fonction, il est, de fait, notaire et secrétaire de la curie diocésaine 🡵.

2025 : la nomination comme Chancelier et Délégué épiscopal aux mariages

2 juin 2025 : la nomination

En 2025, « l'abbé Dominique SPINA, Prêtre du diocèse de Toulouse, Vice-chancelier du diocèse de Toulouse, est nommé Chancelier et Délégué épiscopal aux mariages » 🡵.

Avec cette nomination, on comprend donc qu'il y a eu un « décret d'incardination » qui a été promulgué à une date inconnue. De plus, la nomination en tant que telle interroge à bien des titres :

Avec son travail à la chancellerie, il aura donc pour mission de préserver le droit. C'est pour cette raison que le CDC prévoit que « le chancelier et les notaires doivent être de réputation intacte et au-dessus de tout soupçon » 🡵, ce qui n'est évidemment pas le cas pour le père Spina.
En tant que délégué épiscopal aux mariages, il aura potentiellement en responsabilité l'organisation et/ou la coordination de la préparation au mariage. Il faut espérer que les couples ne soient jamais au courant du passé de celui qui coordonnera leur parcours de préparation (même s'il n'accompagne pas directement les couples 🡵).

§ 1. Outre le chancelier, d'autres notaires peuvent être constitués dont l'attestation ou la signature font publiquement foi, en ce qui regarde tous les actes ou les actes judiciaires uniquement, ou seulement les actes d'une cause ou d'une affaire déterminées.
§ 2. Le chancelier et les notaires doivent être de réputation intacte et au-dessus de tout soupçon; dans les causes où la réputation d'un prêtre pourrait être mise en question, le notaire doit être prêtre.
— CDC, canon 483

10 juillet 2025 : le communiqué de Mgr de Kerimel

En raison de premières contestations publiques, Mgr Guy de Kerimel s'explique dans un communiqué 🡵.

Il commence par attaquer la presse et son « prisme déformant », puis a cette phrase pour la victime : « elle doit aller de l'avant pour se reconstruire en découvrant qu'elle n'est pas d'abord ni seulement une victime, même si ces blessures blessent à vie ». Cette phrase impérative sera extrêmement mal reçue et très fortement commentée.

Dans la suite du texte, il tente de se justifier en faisant appel à la miséricorde : « La miséricorde ne s'oppose pas à la justice, mais elle va plus loin. S'il n'y a pas de miséricorde, nous sommes les plus malheureux, car il n'y a de salut possible pour aucun d'entre nous. Ne pas faire miséricorde c'est enfermer l'auteur de l'abus dans une mort sociale ; c'est rétablir une forme de peine de mort ». Ce développement sera lui aussi très mal reçu, et l'alternative binaire posée entre fonction de chancelier et mort sociale vivement critiquée.

La question de la réinsertion des prêtres condamnés

La question plus profonde qui émerge rapidement est celle de la réinsertion des prêtres condamnés. Un enjeu que Mélanie Debrabant aborde dans un article intitulé : « Comment accepter qu'un prêtre agresseur, même s'il a purgé sa peine, puisse être mieux traité qu'une victime ? ».

D'autres réactions iront dans le même sens : « C'est extrêmement choquant. Maintenir quelqu'un comme ça, c'est envoyer un message d'impunité. Il n'a pas été recondamné depuis, d'accord, mais comment peut-on imaginer cette annonce après avoir commis et été condamné pour des faits criminels pareils ? Dans n'importe quel autre métier vous ne retrouveriez pas votre place alors pourquoi est-ce le cas dans le domaine de l'Église, où vous êtes censé montrer l'exemple et avoir une moralité forte ? » s'interroge le jeune homme [victime de l'abbé Dominique Spina] 🡵.

Mgr Giraud expose pour sa part une autre voie : « je ne vois pas pourquoi un prêtre, ayant purgé sa peine, ne pourrait pas prendre un emploi ordinaire comme tout citoyen » 🡵.

Un tollé chez les fidèles catholiques et au-delà 🡵

La nomination du père Dominique Spina fait fortement réagir, y compris au-delà du diocèse de Toulouse, que ce soit de la part d'associations 🡵 🡵, de victimes 🡵 🡵 🡵 🡵, de journalistes 🡵 🡵, d'exerts 🡵, de prêtres 🡵 🡵, de laïcs 🡵 🡵…

De nombreux articles sont également publiés à l'étranger : Belgique 🡵, Finlande 🡵, Suisse 🡵, Espagne 🡵…

Fait rarissime, pour ne pas dire inédit puisque l'usage entre évêques est généralement de respecter l'autonomie de chacun dans son diocèse et de ne jamais commenter publiquement les décisions d'un confrère, l'évêque de Viviers, Hervé Giraud, avait tenu à prendre la parole, sur le réseau social Bluesky puis dans les colonnes de La Vie, le 22 juillet, pour fustiger cette nomination 🡵.

De plus, le magazine satirique Miséricorde ! a vu le jour dans ce contexte 🡵.

10 août 2025 : le communiqué de la CEF

Après plusieurs semaines et un nombre rarement atteint d'articles de presse en France et à l'étranger, la présidence de la Conférence des évêques de France publie un communiqué 🡵. Pour ne pas faire de communiqué spécifique à cette affaire, c'est entre un paragraphe sur la situation au Moyen-Orient et un autre sur la fête de l'Assomption que la présidence exprime sa position dans le cadre de l'affaire Spina :

Nous avons engagé un dialogue constructif avec Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse, l'invitant à reconsidérer la décision qu'il avait prise quant à la nomination du Chancelier de son diocèse. En effet, une telle nomination à un poste aussi important, canoniquement et symboliquement, ne peut que raviver des blessures, réveiller des soupçons et déconcerter le peuple de Dieu.
— CEF

Ce communiqué indique sobrement qu'une première médiation a été tentée, sans succès. C'est donc publiquement que la présidence de la Conférence des évêques de France s'exprime maintenant, en espérant que prendre l'opinion à témoin soit suffisant pour que Mgr de Kerimel revienne sur sa décision. En effet, la CEF n'a aucune autorité hiérarchique sur les évêques… et le président de la CEF, par ailleurs cardinal, n'a alors pas assez d'autorité morale pour imposer sa décision.

16 août 2025 : Mgr de Kerimel revient sur sa nomination

Finalement, Mgr de Kerimel revient sur sa décision avec une nouvelle nomination 🡵 accompagnée d'un communiqué 🡵 dont le contenu sera critiqué 🡵.

Il semble cependant que le père Spina demeure délégué épiscopal aux mariages.